Au soir du 1er tour des régionales, j’écoute légèrement désabusée le discours de Nicolas Sarkozy « ni fusion, ni retrait » qui sonne le glas du front républicain si cher au cœur de notre exécutif. Pourtant, cette position était prévisible et surtout, le LR n’avait pas rien à gagner et plutôt tout à perdre à s’allier à la gauche.
Mais, après le triste égrenage des résultats, la position de Jean-Christophe Cambadélis me sidère. Le bureau national a décidé le retrait pur et simple des candidats PS des régions où il se classe 3ème, ceci afin d´opposer un « front républicain » aux candidats FN; dans le contexte de tri-partisme qui s'impose ce soir, cela me semble totalement aberrant !
Opposer à nous tout seuls un front républicain serait risible si cela ne relevait pas de l’erreur stratégique voire de la lâcheté politique.
Personnellement cela me rappelle trop le retrait de la vie politique de Lionel Jospin au soir du 1er tour des présidentielles de 2002. Cet acte individuel, perpétré sans que le PS ait pu préparer la succession, se ressaisir, a laissé le parti dans un état de flottement dont il ne s’est remis que des années plus tard ; mais s’en est-il vraiment remis ?
Les échecs répétés des élections européennes, départementales et en ce moment régionales sont le fruit de cette faiblesse politique au sein du parti au pouvoir.
Car ces résultats étaient prévisibles pour tous ceux qui ont observé la grande déception du peuple de gauche lorsqu’il a pris acte du rapide reniement par François Hollande, du programme qui l’avait porté à la présidence de la république ; puis, cette réforme intransigeante des rythmes scolaires du Primaire, rejetée de manière quasi unanime par des enseignants pourtant fidèles parmi les fidèles au PS. Oui, le gouvernement socialiste s'est très rapidement coupé de sa base. Ses soutiens, François Hollande est allé les chercher en vain dans une droitisation de sa politique incarnée par Manuel Valls et auprès des grands industriels vers qui sont allé les financements massifs du Pacte pour la croissance, la compétitivité et l’emploi avec un bilan opaque et objectivement négatif (pas de croissance, pas d’emplois ).
Pourtant tout n’est pas noir dans ce quinquennat qui a renoué avec la liberté de la Presse et l’indépendance de la Justice. C’est la raison pour laquelle il nous faut résister.
Résister et non renoncer Monsieur Cambadélis !
Jean-Pierre Masseret et Axel Kahn ont vu juste et loin : votre position est insensée et dangereuse. Elle donne raison et pouvoir au FN, car, même si vous bloquez la présidence des 3 régions où ils sont largement majoritaires au 1er tour, ils y seront puissamment représentés et siègeront aux côtés de la droite, alors que la gauche, elle, sera absente pendant au moins 6 ans des instances régionales.