Voici le dialogue impromptu d'un tout petit, un obscur, un sans-grade, avec son grand Président.
Ils marchent vite sur la route, ils arrivent à la borne 31 et le petit traîne un peu les pieds.
- Dis, grand Président,où on va comme ça ? J'y vois rien ! C'est drôle mais je vois même pas où je mets les pieds ; c'est la nuit ou quoi ?
- Mon cher petit compatriote, n'aie crainte, on va vers "un monde nouveau auquel nous devons nous préparer en travaillant plus".
- Ah ! le nouveau monde ! Mais, dis, mon grand Président, pourquoi tu dis qu'il est nouveau ?
- Tais-toi et marche, c'est la condition pour "se faire une place dans le nouveau monde qui se construit", pas de temps à perdre. "L'immobilisme serait une faute". Ne te plains pas tout le temps, crois-moi, "le travail, l'effort, le mérite ", y'a qu'ça qui paye.
- Ouille! Aïe ! mais moi, j'ai mal aux pieds, j'y vois toujours rien. J'suis fatigué, mon grand Président.
- Allez, cours, la crise est derrière toi, et moi "je suis plus décidé que jamais à y faire face". Et tu sais, mon cher petit compatriote, elle "nous oblige à changer plus vite et plus profondément". T'as compris ou quoi ? Allez, cours !
- Courir, courir, moi je veux bien, mais où ? Surtout que j'ai mal aux pieds...
- Tu m'agaces, t'as vraiment rien compris, c'est "une épreuve", mon petit, "un défi" et "je veux le relever"! T'as qu'à avoir "confiance dans l'avenir" !
- Ah ! mais, dis, c'est quoi l'avenir ? Dis, grand Président, c'est quand qu'on va où ?
L'autre court, court, pas le temps de répondre. Il a franchi le 31, il arrive au 1. Puis soudain, il s'arrête, se retourne et crie au petit qui traîne la patte :
- Si tu continues, pov'con, je te préviens, je t'obligerai à avoir un visa pour passer du 31 au 1 !
* avec l'aide du discours de Nicolas Sarkozy, 31 décembre 2008 (et une suggestion lexicale de Vincent Verschoore pour le petit mot tendre, nécessaire au réalisme de la chose)