La question de l'anonymat "médiapartien" m'est venue plusieurs fois depuis que je suis sur Médiapart, et ce matin elle s'est trouvée réactivée par le commentaire de Thierry Billet sur le fil qui suit l'article de E. Plénel au sujet de Dieudonné.
Je me demande sincèrement ce qui pousse à écrire sous un pseudonyme ! Pourquoi aller au bal, masqué ?
A vrai dire, au départ je l'ai admis comme un allant-de-soi, étayé par des propos qu'on entend régulièrement : sur le net, l'anonymat protège, et même, garantit une forme de liberté d'expression. Mais je n'aime pas les allant-de-soi, c'est une manie chez moi. Je ne veux en aucun cas faire de procès à qui que ce soit mais engager l'échange sur ce sujet. Et comme tout débat, cela commence par des questions qu'on se pose, puis qu'on pose aux autres.
En préambule, je dirai que je comprends l'anonymat dans certaines situations où le risque est gros : celui de souffrir de représailles. C'est le cas de témoins qui ne peuvent déposer qu'ainsi protégés. C'était aussi l'impérieuse nécessité du rusé Ulysse. Il peut y avoir d'autres raisons...
Mais sur Médiapart, pourquoi cacher sa parole sous un masque ? Est-il risqué dans certains milieux de dire ce qu'on pense ? Que craint-on ?
Ou alors s'habitue-t-on à ce climat de crainte qui s'instille parfois dans le pays, dans les institutions ? Certains d'entre nous redoutent-ils qu'on les regarde d'un sale oeil (l'oeil du Cyclope ? l'oeil de Moscou ?) dans leur milieu professionnel ? Je comprends mal ...
Le net est-il donc un instument dangereux pour notre sécurité ? Je sais bien que s'y propagent parfois des campagnes odieuses de dénigrement, mais l'anonymat empêche-t-il ce phénomène ? Sans doute pas.
Je n'ai pas envie d'accepter la crainte, pas envie de vivre avec la méfiance. J'ai envie de paroles libres, envie de coups de gueules possibles, envie qu'un tel type d'échanges repousse la frilosité dans ses buts, envie de faire des pieds de nez aux peurs de tout poil.
C'est aussi une question de liberté, non ?
J'attends les réponses pour m'aider à comprendre car pour l'heure je suis un peu sceptique, intriguée, et parfois, j'ose le dire, agacée. Mais je mesure aussi qu'il me manque sans doute des éléments pour mieux saisir ce phénomène.Et tant qu'à faire, j'ai rajouté mon prénom à mon nom, car j'étais tout de même semi-anonyme !