L'enjeu actuel est plus difficile que jamais : négocier, tenir le plus loin possible tout risque de guerre, ne rien dénier de la chaîne causale de la situation. Et pour nous, simples spectateurs, il nous reste à essayer de comprendre, et selon moi, de faire une place à la raison.
Exemple de quelques causes : pression sur la Russie (et tentative de l'éliminer de la scène) effectuée par l'OTAN qui a intégré 3 pays de l'Europe de l'est - Hongrie, Pologne et Rép. tchèque - et les choses se corsent davantage depuis qu'il y a le projet d'installer des bases en Lettonie, de la Lituanie, de l'Estonie, de la Roumanie et de la Pologne / désir légitime de la Russie de tenir toute sa place sur le plan international / enjeu fort pour la Russie comme pour l'OTAN autour de toutes les ex-républiques soviétiques...
Beaucoup de prises de positions occidentales (dont celles des "officiels") focalisent la vision des choses sur le "danger" russe ; en face, nombre de commentateurs très favorables à la Russie font comme si la politique étrangère de Poutine n'était qu'une juste réponse à l'Otan ...Il ne faut pas méconnaître non plus les enjeux intérieurs de Poutine (comment garder et nourrir la ferveur russe en bridant toute opposition, ceci pour dire vite) ni la question de son aire d'influence.
S'il ne faut rien ignorer des manoeuvres de l'OTAN (je m'étends moins sur cet aspect car il est plutôt bien documenté), il ne faut pas oublier non plus le souci de Poutine de garder la main sur ce qu'on nomme parfois en Russie "l'étranger proche" : l'enjeu géopolitique est celui de toutes ces régions, issues de l'éclatement de l'URSS, qui entourent la Russie. Un exemple dont on parle peu (depuis 1992) où un millier de personnes ont perdu la vie : ce qui se passe en Transnistrie (région de Moldavie) qui fait partie des Etats séparatistes post-soviétiques (avec le Haut-Karabagh en Azerbaïdjan, l’Ossétie du Sud et l’Abkhazie en Géorgie) -
L'argument qui fait de séparatistes ukrainiens des gens qui lutteraient contre les "nazis" de Kiev est un masque idéologique, l'enjeu est bien ailleurs : le devenir de toutes ces régions de "l'étranger proche" de la Russie.
Rappelons que le Kazakhstan qui possède une large population russe et dont les steppes du nord sont «des terres russes», (Alexandre Soljenitsyne dixit) a gardé le silence sur l'annexion de la Crimée : prudente, cette «locomotive» de l’Asie centrale ex-soviétique s’est abstenue, lors de l’Assemblée générale de l’ONU, le 27 mars, de se prononcer sur la résolution condamnant l’annexion de la Crimée et soutenant l’intégrité territoriale de l’Ukraine.
Le Brésil, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, partenaires de la Russie au sein des BRICS, ont fait de même.
On mesure bien que le problème n'est pas aussi simple que ce que laissent entendre beaucoup d'articles, de billets et de comms' : le jeu de Poutine inquiète, y compris ses alliés.
Négocier est urgent, il y faut sans doute une approche très subtile ....donner des assurances à Poutine tout en obtenant des garanties : rien ne moins simple.