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Billet de blog 5 mai 2010

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Henri Michaux ! au secours ! la cri-crise et la polipique (remaniement de texte)

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Sortie d'un moment de doute australopiquant, j'observai ce jour-là un des proches politicopiquants et voici ce qui vint, dans ma tête bosselée.

***

"Je voudrais bien savoir pourquoi je suis toujours le cheval que je tiens par la bride"(*) se disait le député jauni, l'oeil chassieux, en enjambant le corps d'un grec tombé de l'échelle à phynance. La honte bue, il s'empapillonna aussitôt : "Les affaires, je peux être aux affaires, je suis aux affaires !" il avançait à pas de coq, le cher sauveur, l'humaniste du soir ; le député tétait l'espoir de sa grosse banquemère ; fidèle, c'était un fidèle - pas une fois, il ne trahirait ni Môman ni famille.

Oui, à 20 ans, il avait fabriqué la mitrailleuse à gifles(*), avait frémi d'un révolutionnaire tourment, s'était senti presque héroïque, avait examiné l'échelle à phynances par en-dessous, cherchant un peu la vermoulure, cherchant dessus, la pourriture.

A 22, l'avait rangé l'arme fatale, l'avait grimpé à l'escabeau. Puis Môman lui avait adouci les moeurs d'une collerette et de menue monnaie.

L'habitude libératrice l'avait sauvé : l'avait rencontré la petite foule rose, l'avait baisée dans sa fougue politique, l'avait menée au bal. Et la musique couvrait suffisamment les pleurs du grec ; et chacun tournait, tournait, tout empapillonné à son tour. On allait juste régler la taille des collerettes. Et la note des agences matri-phynances.

Et si la rue bruissait encore, lui, le petit homme, savait enfin que grandir relève du deuil : Môman le lui avait bien dit dans sa petite oneille rose. Alors, monté sur son fauteuil à phynance, sorte de chaise percée où tout n'est pas perdu pour tout le monde, il se dépêchait de recompter la monnaie, monnaie de singe et de misère, afin que le bruit de cette grenaille phynancière étouffât jusqu'au dernier cri du dernier marcheur des rues.

***

Plus tard viendrait peut être une autre époque.

(*) Exergue de Vieillesse de Pollagoras , dans La vie dans les plis, Henri Michaux, 1972.

(*) titre d'un texte de ce même recueil

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