Marielle Billy (avatar)

Marielle Billy

récolter, semer

Abonné·e de Mediapart

202 Billets

4 Éditions

Billet de blog 8 mars 2013

Marielle Billy (avatar)

Marielle Billy

récolter, semer

Abonné·e de Mediapart

Jafar Panahi, créer malgré tout : Pardé – پرده‎ -

Marielle Billy (avatar)

Marielle Billy

récolter, semer

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le dernier film de J. Panahi Pardéپرده‎ (Closed curtain) - a remporté l'Ours d'argent du meilleur scénario au dernier Festival de Berlin.

Petit rappel :  Panahi a été condamné en 2010 pour "propagande contre le système" à vingt ans d'interdiction de tournage et six ans de prison. Ceci  a été transformé en résidence surveillée. Mais l'interdiction de filmer est toujours maintenue, bien que comme souvent en Iran, les interdictions fluctuent dans leur application stricte, selon les périodes de l'année.

Déjà en 2011, il a tourné Ceci n'est pas un film, avec la complicité de son ami Mojtaba Mirtahmasb : Jafar Panahi était alors déjà condamné, et le film rendait compte de cet état d'impuissance créatrice à laquelle on l'avait réduit.

Cette fois-ci, Kamboziya Partovi, co-réalisateur de Pardé, (et scénariste du Cercle) a pu se rendre à Berlin, mais depuis, les autorités iraniennes ont confisqué le passeport de Partovi et de l'actrice du film, Maryam Moghadam, ils ne pourront plus se rendre à l'étranger pour accompagner le film dans les festivals.

Pardé est une forme d'extension de Ceci n'est pas un film. Pour Jafar Panahi, "ne pas pouvoir tourner équivaut à être en prison" (dixit Partovi), c'est ce qui explique ce nouveau défi filmé.

Le scénario évoque la prison mentale dans laquelle était enfermé le cinéaste. "Il était très triste, profondément déprimé, et son médecin lui a suggéré de prendre des notes, de penser, de garder son esprit en éveil, même s'il n'avait pas le droit de tourner. Il a commencé à écrire, je lui donnais des retours, et à chaque nouvelle version il était de plus en plus excité. Peu à peu, faire le film devenait une nécessité", raconte Kamboziya Partovi.

Le film se passe dans une maison, sur une plage, face à la mer, maison de vacances de Panahi, paraît-il. Un homme entre, avec son chien. Il va s'y enfermer, tirer tous les rideaux et boucher les vitres. Film allégorique d'après ce que j'ai pu lire du scénario : les personnages sont autant de miroirs de ce qui hante Panahi, mais aussi ce qui peut se dépasser par l'acte même de créer.

Un metteur en scène qui s'enferme (interprété par Partovi) - le chien, dont le scénario révèle qu'il est menacé (regardant la télévision qui se trouve à l'intérieur de la villa, on découvre que les chiens sont persécutés à l'extérieur) - une jeune fugitive : dehors, la  police rôde. Dedans, l'homme veut écrire, mais la jeune femme le harcèle en remettant en question son système d'enfermement. Elle est peut être le film en train de se créer - En dernière partie, Jafar Panahi entre en scène, dans son propre rôle, il remplace les protagonistes des séquences précédentes, les renvoyant à leur statut imaginaire.

Et comme le film a pu se faire et sortir d'Iran pour être montré, une lueur d'espoir clignote...

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.