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Billet de blog 8 avril 2009

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Du mal ! (suite) Le Bien : enseignement des Meidosems.

J'étais encore à me demander si le bien existait, je perdais des heures à sonder le noir du ciel et je criais : "Le Bien existe-t-il ?".

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J'étais encore à me demander si le bien existait, je perdais des heures à sonder le noir du ciel et je criais : "Le Bien existe-t-il ?".

Car pour le Mal, cela semblait réglé. "Le Mal est l'ordinaire, je suis dedans et je ne peux me le représenter, guère plus que je ne me représente l'air que je respire !". Voilà ce qui me restait de mon dernier passage à l'état de veille : tout fait mal, tout est rapport de force, tout menace d'éclater, tout se tend jusqu'à se rompre et se rompt souvent. Voilà pourtant qui ne me plongeait pas dans l'affliction ni le désepoir. C'était presque le contraire : je savais maintenant que si je cherchais, cela se ferait sans m'apesantir.

Ainsi par moment, un infime équilibre se trouve ! un instant de hasard, beau comme l'aube, où les forces trouvent le repos, où les tensions s'annulent et nous font croire à notre infinie bonté. Les amoureux planent un moment, logés dans une barque douce, avant de reprendre la lutte. La mère et la fille sont saisies de compassion alors qu'elles croyaient la trève à jamais impossible : elles auront connu la paix, la rapide, la belle paix. Les soubresauts du combat se suspendent par éclair et nous devenons des êtres de coton et d'amour. Le Bien est un suspens et un miracle simple.

"Voilà ce qu'il en est, me souffla mon voisin ermite, habituellement silencieux comme mon sommeil, le Bien est une ligne blanche qui zèbre le noir afin que tu saches le noir. C'est infime, léger, et son vol est rapide ; il déteste l'immobilité, celle des principes comme celle des statues ; il aime l'insaisissable reproduction de son pas de messager. Il danse."

Et le voisin me mit un texte entre les mains ; "Regarde, c'est un peu toi ! ou un autre. Tu es ainsi, petite tricoteuse de sentiments fugaces, toute en attente." Il voulait me parler de l'engeance des Meidosems*.

"Ces centaines de fils parcourus de tremblements électriques, spasmodiques, c'est avec cet incertain treillis pour face que le Meidosem angoissé essaie de considérer avec calme le monde massif qui l'environne.

C'est avec quoi il va répondre au monde, comme une grelottante sonnerir répond.

Tandis que secoué d'appels, frappé, et encore frappé, appelé, et encore appelé, il aspire à un dimanche, un dimanche vrai, jamais arivé encore."

Et lorsqu'il s'agit des femelles, les Meidosemmes : " Elles montent dans les arbres. Pas par les branches, mais par la sève. (...)

Ascension ivre, douce comme savon entrant dans la crasse. Vite dans l'herbette, lentement dans les vieux trembles. Suavement dans les fleurs. Sous l'infime mais forte aspiration des trompes de papillons, elles ne bougent plus. (...)

Joie, joie qui envahit comme envahit la panique, joie comme sous une couverture."

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* Extrait de Portrait des Meidosems, dans La vie dans les plis. Henri Michaux 1949

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