Je n'en peux plus. Rien n'a de sens. Où que je me tourne, je vois une avalanche de chiffres, de courbes, de comparaisons franco-allemandes, je ne sais plus pour quoi nous avons à faire société ni dans quel sens se dirige le chemin : en fait, pas de chemin, pas de géographie du pays à (re)construire. Des chiffres, des flots de mots qui tournent comme des évidences - pacte, choc, compétitivité, coût du travail, charges, charges, charges - On m'a toujours dit qu'une des définitions de l'idéologie, c'est l'allant-de-soi. On y est, en plein. Pas de vision, pas de questions, le cheval est sur la route avec ses œillères.
Un désert de pensée depuis des années.
Des chiffres, des chiffres, des statistiques, des milliards qu'on cherche, qu'on ne cherche pas en fait.
Nous n'avons pas d'argent. Il faut faire des économies, redéployer des dépenses, remonter la TVA, offrir aux entreprises la fameuse "bouffée d'air".
Je dis : soit ! (je vais même jusque là). Je rajoute : mais pour quoi faire ?
Reprenons : faire des économies ? chercher de l'argent ? Au fait, et la lutte contre l'évasion fiscale, où est-elle passée ? Est-ce que là aussi , c'est un rêve, et du coup une impossibilité française.
http://www.mediapart.fr/journal/france/091112/republique-chagrin
Économiser encore : je suis pour. Le gaspillage me débecte. Lancer un débat collectif sur les économies à faire (entreprises, publicité, électricité, logement, grande distribution, gestions des collectivités ...). Se tourner vers nous, s'adresser à nous. Mais faut-il avoir quelque chose à dire, une PAROLE à prononcer.
Tout est possible si un pays a de l'énergie. Comment peut-on trouver de l'énergie ? Par le désir.
Si nous pouvions voir ensemble la direction où nous voulons aller, si nous pouvions sortir le nez du guidon, si nous entendions une parole étayée par des convictions, notre pays pourrait faire des merveilles.
Mais non. On est dans une ambiance de tue-l'amour, d'éviction radicale du mouvement, de la pensée, de l'imagination : on est comme des gosses dont les parents passent leur temps à compter et recompter leurs sous. Balzac, tu en aurais fait des merveilles.
Comment voulez-vous Monsieur le Président que les français se sentent concernés ?