A la fin du printemps 2009, le Centre culturel françaisde Ramallah a accueilli le travail sérigraphique d'Ernest Pignon-Ernest : des lieux de Cisjordanie, d'Isarël mais aussi les ruines du village de naissance de Marmoud Darwich, Birwé, ont reçu ces portraits du poète.
Ernest Pignon-Ernest avait prévu de faire de même à Gaza, mais il n’a pas reçu l’autorisation de s’y rendre de la part des autorités israéliennes.
Extrait final du poème Identité; 1964, texte qui était toujours réclamé par la foule lors des lectures publique de Darwich, mais chaque fois il refusait, préférant lire ses derniers textes.
Inscris
Que je suis Arabe
Que tu as raflé les vignes de mes pères
Et la terre que je cultivais
Moi et mes enfants ensemble
Tu nous as tout pris hormis
Pour la survie de mes petits-fils
Les rochers que voici
Mais votre gouvernement va les saisir aussi
...à ce que l'on dit !
DONC
Inscris !
En tête du premier feuillet
Que je n'ai pas de haine pour les hommes
Que je n'assaille personne mais que
Si j'ai faim
Je mange la chair de mon Usurpateur
Gare ! Gare ! Gare
À ma fureur !

Discours de l’homme rouge (1992)
Il y a des morts qui sommeillent dans des chambres que vous bâtirez. Des morts qui visitent leur passé dans les lieux quevous démolissez. Des morts qui passent sur les ponts que vous construirez. Et il y a des morts qui éclairent la nuit des papillons, qui arrivent à l’aube pour prendre le thé avec vous, calmes tels que vos fusils les abandonnèrent. Laissez donc, ô invités du lieu, quelques sièges libres pour les hôtes, qu’ils vous donnent lecture des conditions de la paix avec les défunts.

Le cyprès s'est brisé 2004 (dans : Ne t’excuse pas)
Le cyprès n’est pas l’arbre mais le chagrin
de l’arbre ; il n’a pas d’ombre car il
n’est que l’ombre de l’arbre.
BASSÂM HAJJÂR
Le cyprès s’est brisé comme un minaret
et il s’est endormi
en chemin sur l’ascèse de son ombre,
vert, sombre,
pareil à lui-même. Tout le monde est sauf.
Les voitures
sont passées, rapides, sur ses branches.
La poussière a recouvert
les vitres … Le cyprès s’est brisé mais
la colombe n’a pas quitté son nid déclaré
dans la maison voisine.
Deux oiseaux migrateurs ont survolé
ses environs et échangé quelques symboles

Extrait de Ciel bas,1999 (dans : Le lit d'une étrangère)
(...)
As-tu humé le sang du jasmin indivis
Et pensé à moi ?
Attendu en ma compagnie un oiseau à la queue verte
Et qui n’a pas de nom ?
C’est un amour pauvre qui fixe le fleuve
Et il s’abandonne aux évocations : Où cours-tu ainsi,
Jument de l’eau ?
Sous peu, la mer t’absorbera.
Va lentement vers ta mort choisie,
Jument de l’eau !
***
Pensons-nous à ces oiseaux ?