Habemus PS, comme Habemus papam*, ou plutôt - Non habemus papam -
Lorsque dans le film* de Nanni Moretti, le fameux Piccoli, en pape effaré, transi, saisi, doit se présenter face à la foule vibrante d'attente, voilà ce qui lui arrive :
A la manière de l'Innocent X de Francis Bacon, il hurle sa terreur, sa folle douleur : JE NE POURRAI JAAAAAAAAAAAAAAMAIS !
Alors hier soir, devant le débat du PS, je ne voyais que cette image - chaque candidat figé dans un cri impossible à pousser, la colonne paralysée par la douleur, le refoulement, l'effort d'arrangement :
JE NE POURRAI JAAAAAAAAAAAMAIS........jamais changer de monde, changer de cadre, et supporter l'énorme mensonge que je suis prêt à sussurer.
Le pape hurle peut être devant le poids de sainteté induite par son élection, le poids de la puissance de décision possible qui lui incomberait alors.
Quelque chose hurle au fond de nos candidats, si fort qu'ils en sont sonnés : "Le cadre existant est si mité ! et je dois le racommoder ! pourvu qu'on ne voie pas mon trouble, ma routinière pensée ! en ces temps de crise, faisons au moins famille."
Pauvre Montdebourg, comme ça devait crier en lui ! Il ne l'avait pas prévu ce coup-là : on sort en famille, et puis voilà, on veut dire "non" à tous les siens, mais on n'a pas rien pu prévoir, car ce qui se vit, se vit toujours pour la première fois. Pour dire non et oui (à autre chose), faut vraiment tester sa conviction, sa détermination, et ce n'est plus une affaire de carrière, de discours, c'est une affaire de désir sur lequel on ne veut pas céder.
Si vous suivez ce pape, celui de Moretti, vous le verrez fuir l'institution, pas la vie, c'est sûr.