Un petit signe d'au revoir à ceux qui sont venus butiner avec moi, à ceux qui ont eu la gentillesse ici ou ailleurs de prendre le temps avec moi. Je reviendrai, je crois. En attendant la révolution qui transformera nos carrés en rond, nos paroles en actes et nos vies en vers à soie, je vous envoie du Tsvétaïeva impertinent. Vers que je me suis bien lus à moi même d'abord et qui ne sont ni tout à fait sérieux ni tout à fait futiles.
Je vous serre la main.
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Les lecteurs de la presse (extrait)
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Ca serpente sous terre,
Transporte, ventre à terre.
Les gens, pas un sur terre
--- Sans sa presse, sur terre
(--- Sans sas presse !) quel tic
Rongeur de paperasse.
Les mâcheurs de mastic,
Les lecteurs de la presse.
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Qui lit ? Athlète, hôtesse,
Vieillard ? --- Ni traits ni âge,
Tête. Squelette, ou qu'est-ce ?
Nul visage : une page
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Dont tout Paris s'habille
Du crâne au nombril. Cesse ---
Il va te naître, fille,
Un lecteur de la presse !
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Zig --- "vit avec sa soeur" ---
Zag ---"a tué son fils" ---
Zigzaguant dans le leurre,
En zizags ils finissent
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Que peut leur importer
Qu'aurore ou nuit paraisse ?
Gloutons de vacuités,
Les lecteurs de la presse !
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Presse --- autant dire ; arnaque !
--- Autant dire faussaires !
Le moindre article : attaques !
Moindre titre : pervers !
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Au Jugement quel truc
Finalement vous reste ?
Arracheurs de minutes,
Vous lecteurs de la presse !
(...)
Vanves, novembre 1935
(dans : Tentative de jalousie)