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Billet de blog 20 août 2010

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Tsiganes - France

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je fais un écho au billet de Nadja :

http://www.mediapart.fr/club/blog/nadja/170810/pour-que-nos-enfants-naient-pas-demander-pardon-nos-freres-roms#comment-620499

Voici quelques traces qui concernent le camp de concentration tsigane de Montreuil Bellay (Maine et Loire), dont Jacques Sigot, cité par Nadja, s'est obstiné à retrouver la mémoire. Son travail a été "récompensé" (ironie grimaçante) par le classement des restes du camp en "monument historique", en juillet 2010 !

Photo du camp prise par la fille du directeur, du haut d'un mirador, 1944 (archives J. Sigot) :

Photos du camp (archives J. Sigot)

Restes actuels de la prison, à l'intérieur du camp (photo J. Sigot)

Témoignage d'André, 12 ans lorsqu'il est arrêté en 40 à Bordeaux ; il est ensuite transféré avec sa famille à Montreuil en 43 - sa carte d'internement portait la mention "politique" - !

"Dans le camp il n’y avait rien à faire, d’autant moins qu’à mon arrivée, l’école avait déjà fermé ses portes. Les hommes et les femmes passaient la journée à discuter ; nous, les enfants, à traîner. A 10 heures du matin, on nous distribuait une louche de malt. Midi et soir, les repas étaient distribués dans une boîte de conserve. Au menu: topinambours, rutabagas, carottes… On dormait dans les baraquements sur des planches de fortune, avec une couverture militaire. Chaque soir c’était le même rituel. Pour prévenir tout projet d’évasion, les gardiens rassemblaient tout le monde avant d’embarquer un garçon de chaque famil le. Les 'élus' passaient alors la nuit entassés à trente ou quarante dans le caveau-prison. Mais de mes années derrière les barbelés, je me souviens d’abord de la cruauté de nos gardiens. Un jour où je jouais avec un moineau, l’un d’entre eux passe derrière moi et me donne un coup de pied qui me fait basculer la tête la première dans les barbelés. Une autre humiliation venait de la curiosité des habitants des environs, qui venaient se promener pour apercevoir les bêtes enfermées que nous étions. Un dernier souvenir date de 1944, quand les Alliés, qui croyaient sans doute cibler un dépôt allemand, ont bombardé et mitraillé le camp. Une fillette a été tuée, une trentaine d’internés ont été blessés. Quelques mois plus tard, en mai 1945, les FFI nous ont libérés. Ma famille s’est alors installée dans la région. Et puis on a tous essayé d’oublier. Une fois la misère passée, à quoi cela aurait-il servi de la raconter?"

Je rajoute ce témoignage recueilli par J. Sigot :

"Le dimanche, j'prenais ma fille sur le porte-bagages de mon vélo et on allait jusqu'au camp. Ils étaient ni plus ni moins qu'des bêtes derrière leur grillage. On leur lançait du pain ; c'est qu'ils avaient faim." (Témoignage de Marinette Maria rapportant des paroles d'une Montreuillaise qui préfère garder l'anonymat, cité par J. Sigot, Etudes Tsiganes, vol 6, n°2/ 1995 p 170)

Et pour finir, voici Toloche (Toloche Josef, détenu à Montreuil déporté à Ausshwitz) devenu ,Taloche, dans le film de T. Gatlif - Liberté - ) sous les traits de James Thierrée, petit fils de Chaplin , ce Thierrée est aussi étonnant, inventif, troublant à l'écran que sur scène :

Et en l'honneur de tous, une des voix tsiganes, celle de Délia Romanes, femme d'Alexandre Romanes, tous deux grands inventeurs / animateurs du cirque tsigane Romanes, assez souvent à Paris,dans le 17ème arrondissement (pas en ce moment).

http://www.youtube.com/watch?v=8unBqVzstx0

Mais je ne sais pas bien inserrer un lien audio !

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