Ce jour passé me fait revenir sur cette question : "fallait"-il faire intervenir l'OTAN ?
De mon petit point de vue, je pensais que c'était une erreur, une faute même. Et je ne me laissais pas convaincre par ces élans qui disaient : mais il faut bien empêcher ce tyran de tuer son peuple sans rien faire (je ne cite même pas les belles voix médiatisée, aux trémolos convaincants, qui le claironnaient). Pris comme ça, comment pouvait-on dire facilement : Non ! il ne faut pas, sans essuyer des cris d'indignation ?
Ce jour, deux éléments me disent que ceux qui se sont prononcés dès le début contre cette intervention occidentale, n'ont pas eu tort.
L'argument des morts à éviter : le 21 septembre, un membre du CNT lui même annonçait 25 000 morts.
"Nous avons perdu 25.000 martyrs, il y a le double de blessés", a déclaré Moustapha Abdeljalil devant le président américain Barack Obama, le président français Nicolas Sarkozy, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et d'autres dirigeants lors d'un sommet des "amis de la Libye" en marge de l'Assemblée générale des Nations unies.
Aujourd'hui, il se dit qu'il y a peut être eu 50 000 morts :
"Quelque 50.000 personnes ont été tuées depuis le début du soulèvement", a déclaré à Reuters le colonel Hicham Bouhagiar, commandant des forces anti-Kadhafi.
En fait, avec un peu de recul, on ne peut que conclure qu'il a eu des milliers de morts, des dizaines de milliers. Au delà de la question de l'économie des morts libyens, qui a un sérieux coup dans l'aile, un autre aspect :
L'argument de l'OTAN au service de la libération du peuple libyen : l'OTAN devait protéger les populations ; et ses avions ont fait barrage à la fuite du tyran en tirant sur la colonne de véhicules l'emportant dans sa fuite.
En évitant la posture qui pourrait se dire ainsi : fallait bien terminer le travail et donner un dernier coup de main aux rebelles, on peut faire l'hypothèse que cet acte-là finit de déposséder le peuple libyen de sa révolution ; ce n'est pas anodin (et c'est la première fois) que l'OTAN contribue directement à la mort d'un chef d'état, fût-il un tyran. Qui va être le vassal de qui, désormais en Libye ?
Si à cela, on rajoute la réception rapide des membres du CNT par notre président, sous la bonne escorte de Monsieur B H Levy, et la déclaration du CNT pour la suite : une assemblée constituante sera élue dans huit mois et des élections présidentielles et législatives auront lieu dans 20 mois...
... on peut se demander aussi pourquoi tant de précipitation ? car n'oublions pas que la Libye est un pays qui vit sans constitution depuis l'ère Kadhafi et qu'il va falloir du temps pour structurer un tant soir peu le paysage politique, comme on dit.
Ce temps de l'OTAN est-il celui du peuple libyen ?