Connais-tu monsieur Garcin? «J'ai un jour pris conscience que les situations que je ne vivrai pas, les rêves que je ne ferai pas, sont innombrables. Il n'y a pas de raison de se résigner à cet état des choses». (G. G.)
Et voilà que Gilbert Garcin, l'heure de la retraite venue, a aménagé son cabanon dès 1993, dans la campagne marseillaise, en studio de bricolage photographique. Il fabrique de petites mises en scènes avec trois fois rien : colle, ciseaux, quelques matériaux pauvres, papier, ruban, boules, sable ... et une collection de photos de lui et de sa femme, découpées afin de ne garder que les silhouettes....
Et il part dans une repésentation du monde - celui qu'il n'a jamais vu, jamais traversé ; le voilà, les yeux grands ouverts sur un rêve de bouts de bois et de carton, sur son rêve possible, sur ton rêve. Il joue à être le sujet et l'objet de ses propres images. A se travestir dans un personnage omniprésent, à s'inventer d'invraisemblables aventures dans des décors surréalistes, Gilbert Garcin continue de rire de lui-même.
Aucun montage, mais une fabrication (minimaliste et "brute"), une scénographie, puis une photographie du résultat.
Monsieur Garcin, où allez-vous ?
Ne pas tourner en rond - 1996 -
Le désordre interdit - 1993 -
Que retenir de ces photos ? si la vie était un théâtre, nous pourrions rejouer la même scène à volonté ? Mais est-on sûr que ce n'est pas déjà le cas ?
Vue sur mer - 1994 -
Avec Lucrèce - 1995 -
Connaître ses limites - 1997 -
Faisant des maximes ses choux gras, de fil en aiguille Gilbert Garcin élabore non seulement une sorte d'autobiographie fictive, mais aussi toute une philosophie de la comédie humaine.
La veillée - 2004 -
"Il faut quelqu'un comme moi qui n'aie pas d'obligations de rendement, pour se lancer dans ce genre d'aventure. Mais, bon, c'est plaisant, enfin, je m'amuse, quoi... Quand tu vois dans ton viseur ta maquette, et que tu te dis : ils vont y croire, ça fait un petit quelque chose..." (G. G.)
Un jour ordinaire - 2009 -
L'arbre qui voulait voir la mer - 2009 -
"Je fais une pellicule de 36 vues et je recommence s'il le faut. Il me faut une trentaine d'heures pour finaliser une photo. Si tu te plantes, si tu pars sur une idée un peu débile, et ça arrive,..." (G. G.)
Percevoir le monde - 2010 -
Les nouveaux accords de Schengen - 2010 -
Le chien de Monique - 2010 -
"C'est pas moi, c'est un personnage. Et c'est une vision qui m'énerve un peu. Au théâtre, au cinéma, on fait bien la différence entre l'homme à la ville et l'acteur sur scène, pourquoi on ne ferait pas la même chose en photographie ?" (G. G.)
Monsieur Garcin si "L'humour est le luxe des désespérés..." comme vous dites, votre désespoir me tient la tête entre deux vagues.
"L'acteur sur la scène est, par définition, dans un monde vide. Je ne focalise pas l'attention du spectateur sur moi, je le focalise sur le vide dans lequel on est tous immergés." (G. G.)
Photos prises sur le site de l'auteur http://www.gilbert-garcin.com/
Titre plagié d'un article de Gilbert Arrouye