L'évènement de la "hogra" travaille douloureusement le discours de la victimisation par le croisement d'au moins trois sédimentations sémantiques. Celle, d'une part, de la transgression qui se couple avec la notion de norme et celle aussi d'une forme de violence pour imposer une situation.
En somme, une violence exprimée par une transgression de la norme d'une manière symbolique (rituels) ou formelle (manifestations) constitue l'évènement de la "hogra" et devient constitutif du discours de la victime.
On pourrait dire que cette notion travaille fondamentalement le discours de la victimisation face au système politique autoritaire, fortement centralisateur et ce discours se nourrit le plus souvent des rapports complexes entre Etat et société.
Le socle du deal historique de ces rapports est imagé par "du pain contre les libertés". Il opérerait comme un consensus acquis avec les médiations institutionnelles du politique, du syndical et du religieux. Autant parler de passe-droits pour les tous puissants en toute impunité. Cette accessibilité aux biens symboliques (marchandises) dans une politique de "marché" réactive l'idée de discrimination dans le domaine de la "hogra"
L'exclusion sociale, de l'emploi, du logement, de la consommation travaillent aussi en profondeur un sentiment d'"absence de justice" contraire à l'égalitarisme mythe fondateur de la guerre d'indépendance de l'Algérie.
Abdelmadjid Merdaci, sociologue à l'Université de Constantine (journal "La tribune" en 2004) s'interroge sur les mouvements sociaux portés par une "hogra" au pouvoir corrosif qui risque de s'éroder. Peut-être, dit-il, allons nous vers une redéfinition des rapports entre l'Etat et la société par une émergence nouvelle d'acteurs sociaux.
La "harga"serait le symptôme d'une société dans laquelle le divertissement est limité, le système éducatif déconnecté du marché du travail et les portes des opportunités closes, excepté pour ceux qui jouissent de connexions (dixit Ghania Lassal dans El Watan le 24/01/11)
Le site Wikileaks publie le 23/01/11 un cable diplomatique intitulé "Donnez-nous la dignité ou donnez-nous la mort" (cable datant du 13/07/07), diagnostic émis par l'Ambassade des Etats-Unis en Algérie et qui fait état de milliers d'algériens qui "brûlent leurs papiers d'identité" avant d'embarquer chaque semaine dans des bateaux non immatriculés. Ils sont remplis de bataillons de médecins, d'avocats, d'universitaires et licenciés et même de chômeurs en direction des îles italiennes raconte le diplomate US. Ils tentent l'aventure même si 90 % d'entre eux périront en mer.
Puis le document relate les témoignages de jeunes gens désabusés "déjà morts", pris en tenaille entre la "hogra" et la harga". Et la "harga" souligne le diplomate n'est plus l'apanage des couches défavorisées et des