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Billet de blog 19 juillet 2022

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Polar : " Le ver dans la soie " de Marie-Thérèse Ferrisi

Il s'agit de mon deuxième roman policier...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

 Nous sommes en 2002 quand un assassinat est commis dans le quartier historique du Vieux-Lyon. L’enquête de police confiée au commandant Jo Masso se révélera complexe puisque le serial killer poursuit son funeste projet jusqu’à Toulouse.
  En parallèle, le récit plonge le lecteur au cœur de la révolte des canuts, celle de 1834, tournant de la Renaissance au XIXe siècle où soyeux conservateurs et ouvriers de la soie s’affrontent à armes inégales. 
  Cette tranche de vie festoyée au présent est constructive et resserre les liens d’une communauté faite de valeurs. Or, son 
fantôme personnifié et obsédant colle à l’identité de notre serial killer qui se projette vers un futur plus que parfait. Geoffroy Safran, chef d’atelier de la soie est-il un héros ou son double contemporain, l’assassin ? 

Illustration 1

Bibliographie et filmographie

Rude, F., Les révoltes des canuts (1831-1834), Paris, La Découverte, 2007

Plessy, B., Challet L., La vie quotidienne des canuts passementiers et moulinères au XIXe siècle, Paris, Hachette, 1988

Charles Clément, canut de Lyon, téléfilm français, tourné à Lyon, écrit par Jean-Dominique de la Rochefoucauld, réalisé par Roger Kahane, diffusé aux Dossiers de l’écran sur Antenne 2, 1979

Voici le début :

 C'était le dernier quart lunaire. Elle voulait passer à autre chose, effacer des résidus d'amertume venus gâcher sa croyance à un monde parfait. L'espace d'un instant, elle se mit à flotter entre rêve et réalité. Une sensation de bien-être parcourut son corps, quand soudain, son doux aveuglement se transforma en cauchemar.  

 Elle descendait l'escalier tortueux qui donnait sur une cour de la Longue-traboule du Vieux-Lyon. Elle laissait derrière elle un homme, ramassé dans un bar, un noceur qui dormait à présent dans son lit. Cette fois encore, il y avait eu une panne d'électricité. Ce piètre individu, n'avait-il pas suffi à sa médiocre soirée ? Elle s'était avancée dans l’obscurité, soulagée de s'être échappée de ce lugubre tête à tête. Elle traînait, prenait son temps, appréciait sur ses lèvres la nicotine. Ce type devrait partir bientôt, espérait-elle. Chose inhabituelle, la longue traboule aurait dû être fermée sur ses extrémités, et maintenant, un chien, puis deux, se disputaient un trésor qu'elle ne devinait pas dans le noir. Puis, quelques pas précipités derrière son dos avaient fait monter d'un cran sa paranoïa. Le pas accéléré, elle se dirigea vers la porte nord, un souffle de vent l'aspirant vers l'ouverture béante. Son cœur s'était emballé tandis qu’elle pestait contre l’imprudent qui avait négligé la fermeture. Elle s'était engagée dans la rue Saint-Jean, avait jeté le mégot et repris sa promenade avant de tourner à droite vers le Palais de Justice. L'allure nonchalante, les yeux tournés vers le ciel clouté d'étoiles, elle en avait déduit que le lendemain sera ensoleillé. A une centaine de mètres, brusquement son corps s'était paralysé. Fini la voûte céleste et les étoiles, le sol se dérobait sous ses pieds. Un homme gisait là, sur le dos dans une mare de sang, bras ouverts tel le christ. Le cri d'horreur resta coincé dans sa gorge pendant qu'elle moulinait des gestes de désespoir. A peine sa peur maîtrisée, elle tata mécaniquement le pouls du bout des doigts. L'homme était bel et bien mort. Elle inspira profondément, expulsa l'air de ses poumons comme s'il avait été vicié par cette vision d'horreur. Après tout, se saisit-elle, les macchabées c'était son truc puisqu'elle les embaumait tous les jours. Elle rumina ces mots à satiété jusqu'à ce que ses tremblements l'abandonnent. Elle fit deux pas en arrière comme pour immortaliser la scène, chercha une dernière fois autour d'elle une présence qui ne venait pas, puis composa le 17 sur son téléphone mobile. Le gars du standard baissa le son du téléviseur, un temps en retard. Flagrant délit, lança-t-elle, le ton faussement léger ! L'aiguilleur n'apprécia pas l'humour... Aussitôt, il la menaça de poursuites s'il s'agissait d'un canular ! 

 — Je suis thanatopractrice, hurla-t-elle comme s'il était sourd. Je vous dis qu'il est mort !

 — Vous trouvez un cadavre comme on trouve un chien perdu !

 — Dans ce cas, je vais m'adresser à la SPA rétorqua-t-elle, exaspérée.

 — N'abusez pas de ma patience. Bon, je vous écoute. Alors ?

 — Je me promène, dans ma traboule. Deux chiens me suivent… Peut-être l'odeur du sang. Ici, il y en a partout ! Je vérifie. L'homme est mort. Qu'est-ce qu'il vous faut de plus Sergent ?

 — Je ne suis pas Sergent ! Où êtes-vous ? 

 — Rue Saint-Jean, 57 rue Saint-Jean. Cinquième arrondissement.

 — Oui, je connais l'arrondissement, fit-il excédé. Surtout ne bougez pas. Je vous envoie des agents.

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