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Billet de blog 26 mars 2011

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Leclerc "pousse dehors" les roms au bulldozer...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le journal Ouest France nous révèle que jeudi 24 mars 2011, le centre Leclerc de Nantes a organisé l'expulsion de deux familles de tziganes à l'aide d'un bulldozer. Les deux familles de roms composées de deux mamans et de leurs six enfants âgés de 3 à 17 ans étaient arrivés sur le terrain dimanche soir après avoir été expulsées d'un autre campement le week-end.

Vers 17 heures, Saban, l'aîné rentre de l'école et là, une douzaine de personnes avaient, dit-il, déplacé les trois caravanes de quelques mètres. Du champ au bord de la route. Et avec le bulldozer ils ont poussé de la terre contre les caravanes !

Lundi, d'après les deux mères, des hommes leur avaient apporté une photo.. de bulldozer. Christophe Sauvé, aumonier des gens du voyage est choqué, indigné : "Comme elles ne parlent pas trés bien le français, c'était pour les prévenir de ce qui allait leur arriver. Elles déclareront devant les caméras que trois enfants se trouvaient dans la caravane au moment des faits. "A nous, gens du voyage, les bulldozers çà nous rappelle ce qu'il s'est passé il y a 67 ans. Quand on poussait les corps de tziganes exterminés à Auschwitz à l'aide de machines dans les fosses communes"

Vendredi après-midi, accompagnées de l'association des Roms Nantes-est, elles se rendent au commisariat pour porter plainte contre cette intervention hors de tout cadre légal. Les policiers refusent la plainte arguant qu'elles n'étaient pas lors des faits sur un terrain d'accueil des gens du voyage. Ils n'ont pu déposer qu'une main courante. Christophe Sauvé s'indigne : "De tels agissements, c'est la porte ouverte à la violence et à la haine"

Selon la circulaire du 24 juin 2010 du ministère de l'Intérieur sur les occupations illicites de terrain, les propriétaires privés doivent porter plainte avant que la justice décide ou non de faire procéder par l'expulion par les forces de l'ordre.

Pour en savoir un peu plus sur les racines et les origines des Roms, je vous suggère de vous rendre sur le blog de maître eolas (le lien internet étant "protégé")

La majorité des Roms qui vivent en France sont français et leurs familles l'est même depuis plusieurs siècles. Ils se déplacent par nécessité et s'adaptent au style de vie tout en gardant scrupuleusement leurs traditions comme la langue romani. Les gens du voyage ne sont pas roms et cet abus de langage est apparu du fait que la Constitution française interdit toute distinction sur une base ethnique.

La loi Besson du 5 juillet 2000 oblige les communes de plus de 5000 habitants à prévoir des terres d'accueil, cette loi (pas de Louis qui est de gauche) est allègrement ignorée par la majorité des maires.

Maître eolas dénonce à juste titre que quand un Rom viole la loi, c'est mal. Quand l'Etat viole la loi, c'est la France. C'est donc l'identité nationale.... Au pire dit-il ces occupations de terrain sont passibles de contravention de grande voirie.

Je m'interroge sur le fait que sur une chaîne de télévision généraliste française on ait justifié le non droit de porter plainte de ces deux familles parce que ses membres sont des migrants autrement dit des étrangers.

Thomas Hammarberg, commissaire aux droits de l'homme, dans son 3ième rapport 2010 décrit son inquiètude quant au respect des droits de l'homme par les Etats au niveau local et national et notamment ceux prévus par la Convention européenne, je cite : "Roms, apatrides, pas de droits"

https://wcd.coe.int/wcd/ViewDoc.jsp?id=1701077

"Le pardon c'est pas l'oubli" : suite à la médiatisation de cette affaire, le PDG Pierre Chartier fait son mea culpa à l'AFP : "l'équipe de direction de Paradis s'excuse sincèrement auprès des familles concernées de la manière dont s'est passé l'évacuation et on regrette les modalités avec lesquelles nous avons initié les travaux... C'est une décision un peu regrettable et maladroite, nous assumerons nos responsabilités et nous nous engageons à réparer les éventuels préjudices"

Selon lui, le bulldozer intervenait dans le cadre de "la remise en état tous les trois ans d'un champ qui constitue une réserve fonçière du centre commercial et qui doit à ce titre être retourné" Les personnels de sa direction qui ont mené l'opération "n'ont pas du tout pensé qu'il y avait une autorité à solliciter"

Christophe Sauvé veut qu'il vienne s'excuser publiquement auprès des familles.

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