Je suis arrivée en France à l’époque de Valéry Giscard d'Estaing, il ressemblait un peu au Macron d’aujourd’hui avec un air intellectuel snob et une arrogance aristocratique. Les deux ont réussi à entrer dans le monde politique en tant que technocrate en économie, les deux ont été inspecteur des finances, et haut fonctionnaire. C’est ainsi qu’ils sont montés dans l’échelon de l’État.
Il existe entre les deux certaines similitudes et différences, Giscard était prêt à conquérir un espace politique hors du gaullisme, considéré par lui comme un peu démodé, pas trop moderne. Il se considérait centriste libéral et européen, mais il était plutôt un homme de droite et s’engagera dans 4 partis politique de droite (CNIP, FNRI, PR, UDF (centre droit), et il sera élu député de la 2ème circonscription du Puy-de-Dôme plusieurs fois et maire de Chamalières avant de devenir Président. Un parcours politique qui le différencie de Macron qui n’a jamais eu de mandat électif, au contraire il rentre dans la politique comme quelqu’un hors système, ni de gauche, ni de droite, ni centriste !
Giscard va s’approprier des outils de communication moderne pour se mettre en scène comme un homme politique jeune, dynamique, proche du peuple et moderne au même temps. Il disait que « La télévision est le premier pouvoir en France, et non le quatrième », elle était à son service ! Mais la mise en scène Giscardienne s’est épuisé face à la crise économique et le scandale des diamants du dictateur Bokassa.
La différence entre les deux hommes, est que Giscard a réussi dans ses reformes sociétales, tel que le IVG, la majorité à 18 ans, le divorce par consentement mutuelle, l’APL. Macron n’a pas eu de réforme sociétale pour marquer son quinquennat. Il reste comme un ancien banquier très attaché à des réformes économiques. Il a voulu réformer à tout vitesse l’économie et il avait la majorité absolue pour imposer ses réformes (modification du Code du Travail, de la formation professionnelle, de l’assurance-chômage, réduction de l’ISF). Macron est devenu auprès de l’opinion publique un homme de droite considéré comme autoritaire et une part des réformes promu ont été abandonnés, retraite, réforme des institutions par exemple…
Son quinquennat a connu beaucoup de crises politiques, l’affaire Benalla, l’affaire des cabinets de conseil (McKinsey). Pendant son gouvernement il a eu beaucoup de répression sociale, surtout l’émergence du mouvement des gilets jaunes. Il a eu pas mal de grèves, hospitalières, des infirmiers, grève de l’éducation, des transports etc. Il faut se rappeler qu’il y a quelques mois, avant la pandémie, tous les chefs de services des hôpitaux publics de France ont collectivement démissionné, en signe de protestation contre la politique néolibérale du gouvernement Macron.
Les Français ont vu la précarité des services publics, de leur appareil industriel et de leur tissu productif. La nouvelle pandémie a mis en lumière les inégalités qui structurent nos sociétés à tous les niveaux. Pas toujours, les crises économiques majeures favorisent des changements de paradigme. Cependant, la pandémie de « coronavirus » est apparue comme un avertissement contre la mondialisation débridée du néolibéralisme, exigeant définitivement une rupture avec le mode de développement jusqu'à aujourd'hui sans durabilité socio-environnementale.
Comme on pouvait s'y attendre, la réponse au mécontentement français ne s'est pas fait attendre, la majorité présidentielle a essuyé un revers lors des dernières élections municipales et 60 % des Français ont préféré abdiquer la citoyenneté politique en guise de protestation. C'était la plus grosse abstention lors d'une élection municipale ! Et maintenant tous les sondages donnent le Président Macron comme gagnant ! Il est tellement convaincu qu’il a rejeté tous les débats avec ses adversaires. Que se passe-t-il dans la têtes des français ?
Giscard n’a pas réussi sa réélection et Macron qui a été élu seulement parce que les Français n’ont pas voulu un gouvernement d’extrême droite. Une fois de plus Macron rêve du même scénario. Va-t-il avoir le même destin que D’Estaing ?
Ce sera la pire des élections à laquelle je vais participer car la gauche n’a jamais été autant fragilisée et divisée. Le seul qui s’en sort c’est Mélenchon, si le parti communiste, le parti socialiste et les verts voudraient faire barrage à Marine Le Pen, la gauche pourrait aller au second tour et dans ce cas il sera bien plus difficile pour Macron de gagner car il ne pourra pas échapper au débat avec Mélenchon sur son bilan et sur des vrais sujets qui préoccupent les quotidiens des français. Selon les sondages si on ajoute les voix des électeurs de gauche et des verts Mélenchon pourrait être au second tour. Faut-il rêver ?