J'offre un bouquet de fleurs à Marianne, cette femme qui symbolise la République française : un bouquet de fleurs multicolores, noué dans un ruban de couleurs comme un arc-en-ciel. Marianne remercie d'un regard triste.
Pourquoi me regardes-tu ainsi, Marianne ? S'interroge la « binationale » franco-brésilienne. Car le virus de l'intolérance s'est propagé sur l'ensemble du territoire français et plusieurs petites et moyennes communes ont été touchées, notamment en milieu rural.
Nous devons sauver les fils et les filles de la République. Ils vivent dans les zones rurales, dans les villes périphériques à proximité des anciennes mines et aciéries. Ce sont les ouvriers, les métallurgistes, les agriculteurs qui ont été abandonnés par les dirigeants de gauche et de droite. Ces lieux que la république a désertés ont été les premiers à être cooptés par l'extrême droite qui cherche à se renforcer face aux crises sociales, économiques et politiques.
L'extrême droite avance comme un loup déguisé en mouton, apportant avec elle un nouveau discours formaté pour conquérir ces territoires abandonnés. Peu à peu, les adeptes de la famille Le Pen distillent le racisme, incitant au rejet des immigrés. Ils propagent l'idée que les immigrés sont responsables des problèmes du pays. « Tout est de la faute des migrants », disent-ils à chaque fois, même s'il n'y a pas de nouveaux étrangers qui arrivent sur certains territoires. Et les soi-disant immigrants ont la double nationalité ou sont naturalisés français, car ils sont souvent originaires des anciennes colonies françaises. Cependant, le mensonge, l'imprécision et l'exagération pour provoquer la division et la peur font partie de l'ADN de l'extrême droite, du passé macabre bien connu à aujourd'hui.
La République ne peut abandonner cette population sans boussole et attirée par les promesses de l'extrême droite. Il est urgent de chercher des solutions socio-économiques concrètes pour lutter contre le chômage, la perte de pouvoir d'achat, la dévalorisation sociale, le désert médical et l'absence de services publics fondamentaux. Les territoires conquis par l'extrême droite doivent être inclus dans la République. L'extrême droite a déchaîné le racisme et divisé la France. Le virus de la ségrégation raciale et de la haine propagée par l'extrême droite doit être éliminé.
Nous avons une carte électorale qui illustre la division causée par les votes de protestation et les votes de conviction. Dans le bagage de l'extrême droite, il y a le poids historique de l'idéologie fasciste et nazie. Bien que la famille Le Pen tente de cacher cet héritage et de réformer son langage comme stratégie pour accéder au pouvoir, nous avons assisté, dès le premier tour, à un défilé de contenus xénophobes diffusés par les nouveaux élus de l'extrême droite. Entre les deux tours, plusieurs attaques racistes et violences contre les immigrés ont été enregistrées dans des discours publics et sur les réseaux sociaux.
Le nouveau front populaire de gauche qui a réussi à stopper la montée de l'extrême droite au pouvoir a une mission difficile : sauver le symbolisme républicain de la liberté, de la fraternité et de l'égalité. Je regarde Marianne et lui dis que la France sera toujours multicolore. Après avoir exposé ses premières inquiétudes, Marianne jette un regard moins triste, contemplant le bouquet de fleurs orné d'un ruban aux couleurs de l'arc-en-ciel
Marianne ajoute : nous, les femmes, sommes plus sensibles aux changements de saisons et dans ce bouquet, il y a des roses rouges qui ne perdent pas leurs épines pour se protéger des agressions ! La beauté ne se prive pas de la révolte ! Nous, les femmes, sommes résistantes aux intempéries. Je représente la République qui a vaincu la tyrannie, dit Marianne. Nous devons redessiner un nouveau destin, moins gris pour les générations de migrants, car ils apportent de nouvelles couleurs à cette France métisse
La révolte des jeunes issus de l'immigration est normale, cependant, nous devons les éduquer au respect républicain, aux valeurs qui soutiennent notre République. Nous suivons ce qu'a dit Jaurès : la République, c'est le droit de tout homme, quelle que soit sa croyance religieuse, d'avoir sa part de souveraineté. Nos valeurs ne peuvent pas être foulées aux pieds et doivent être transmises aux jeunes, parmi elles la laïcité qui garantit à tous les citoyens, quelles que soient leurs convictions philosophiques ou religieuses, une coexistence pacifique.
Une autre valeur précieuse est la démocratie et l'exercice de la citoyenneté. Les gouvernants doivent défendre la démocratie, c'est-à-dire respecter la souveraineté du peuple. La République est née pour protéger les plus nécessiteux. Le modèle social français est un héritage républicain.
Les valeurs de Liberté, d'égalité, de fraternité sont reconnues dans la Déclaration des Droits de l'Homme et nous avons le devoir de les transmettre aux nouvelles générations.
Nos enfants ont besoin d'éducation civique pour ne pas être affectés par le rejet de l'autre, celui qui est différent. L'autre fait partie intégrante du savoir vivre avec nos différences.
La représentante de la République démocratique française, devenue un symbole mondial, poursuit dans sa pensée. Je ne pourrai continuer à sourire que lorsque les nouveaux élus de la république respecteront les valeurs humanistes qui nous ont guidés et nous ont permis de rompre avec la tyrannie. J'espère que la gauche unie et humaniste pourra gouverner pour sauver les symboles de notre République.
Marianne, avant de se quitter, se souvient de la phrase de Victor Hugo. « Je veux que la République ait deux noms : qu’elle s'appelle Liberté et qu’elle s’appelle chose publique »