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Billet de blog 18 mars 2025

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A REAL PAIN: grande peine, une vraie plaie, grands points aveugles

D’abord dire l’intelligence du titre, pas évident à traduire : « une vraie plaie », peut-être ? A real pain, c’est une grande peine, une vraie souffrance, et aussi a pain in the ass, un sacré emmerdeur, ce qui est à la fois considérablement plus pénible à supporter, de manière immédiate, et considérablement moins grave qu’une grande peine.

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Il y a effectivement les deux dans le film. Cette légèreté irritante au point d’en sembler irresponsable, et cette gravité ; est-ce que celle-ci est en tant que telle éclairante ? je ne sais pas. En un sens cette ambivalence – duplicité, presque - de sens raconte à la fois la qualité d’intelligence du film, et le piège dans lequel il s’enferme, ou le seuil au bord duquel il reste. Est-ce symptôme ou subtilité ? Quant à moi je ne trancherai pas entièrement.

Jesse et Kieran - pour plus de commodité, et une certaine ironie, j’utilise les prénoms des comédiens plutôt que ceux des personnages, d’une part parce que j’ai oublié ceux-ci, d’autre part parce que le jeu est tellement visible - ce qui n’empêche pas qu’il soit brillant, certes - qu’il me paraît justifié de parler des comédiens d’abord, qui occupent vraiment notre œil et l’écran, parce que quelque chose du registre de la fiction, du contrat de fiction avec le spectateur, est mis en jeu dans le film, à la fois trop écrit et trop réaliste, trop plat et trop dramatisé, de telle sorte que ça n’en finit pas d’interroger notre regard d’une manière, encore une fois, dont je ne suis pas certaine qu’elle soit volontaire - Jesse et Kieran, donc, deux cousins qui ont partagé une même grand-mère rescapée des camps, font un voyage touristique des lieux de mémoire de l’Holocauste en Pologne, où cette grand-mère disparue depuis peu était née, d’où elle a été déportée. Le tour dure quelques jours, passe par quelques lieux obligés, rassemble quelques touristes concernés de diverses manières, à divers degrés, et permet aux deux hommes de passer un moment ensemble, eux qui, enfants, étaient inséparables, et qui, adultes, s’aiment mais se supportent difficilement – le leur permet et les y oblige d’un même geste. Jesse est adapté, bien que très obsessionnel, plein de tocs officiellement répertoriés, et pas sans blessures : il a femme, enfant, emploi valorisé (sinon passionnant). Kieran n’est pas adapté : il glande, n’a pas d’argent, pas de projet, pas vraiment de logement, pas de femme ni d’enfant. Il a fait une tentative de suicide quelques mois plus tôt. Il est en grande dépression, pour le dire vite, et tel que le film pointe vers ; moi je dirais qu’il est psychotique, un pas plus avant dans le mal-être et la difficulté à reprendre pied – « guérir ».

Parce que c’est de cela qu’il s’agit : de guérir. Et c’est cela qui n’a pas lieu.  Sortir du grand trou, de la grande douleur. Le trou est simple, si je puis dire : c’est l’Holocauste (je le dis à l’américaine, comme dans le film). C’est de là qu’est littéralement sortie la grand-mère en qui sont fondés ces deux hommes, fondés, et mal fondés. Elle, sortie de là, partie en Amérique. Ce sont deux Américains. Alors qu’est-ce que ça donne ? Ils ne parlent qu’anglais, ils sont new-yorkais, progressistes, névrosés, sympathiques, ils ont un énorme pouvoir d’achat en Europe (même pour celui qui n’a pas de ronds aux Etats-Unis), ils ne sont pas effleurés par la moindre conscience du monde et donc de la politique. Il y a la question de la politique « intérieure », de l’ « orientation générale du monde» évoquée par Kieran à propos de l’emploi de Jesse, qui vend des bannières publicitaires sur les sites internet : ce truc qui ne sert à rien et pollue tout le monde en participant à la société de consommation dans ce qu’elle a de pire. Mais comme le lui répond Jesse, c’est ce qui permet à tout le monde, Kieran inclus, de naviguer gratuitement sur internet. Fin du débat : non pas que le film disqualifie la critique, ni applaudisse l’activité : mais il neutralise la critique en la renvoyant à une impasse. Ce n’est pas bien, on aimerait que ça marche autrement, mais ce n’est pas le cas, il n’y a pas d’autre solution (pas d’autre monde) : impasse. Fin du débat. Exit la politique.

Exit la politique, aussi, bien sûr, sur un (double, voire triple) point plus criant par rapport à l’actualité du film et à son propos : l’action se situe en Pologne, et met en scène des personnages d’origine juive qui viennent se confronter à l’histoire qui les a fondés. La question de l’histoire est donc centrale ; celle de la judéité et de la Shoah (je reprends mes propres catégories de langage) aussi ; c’est en Europe de l’Est. Le film sort ici début 2025, il a fait sa première à Sundance il y a un an, a été écrit quand exactement ? je ne sais pas ; tourné en 2023. Dans un monde où la Russie a déjà attaqué l’Ukraine, et où le 07 octobre et la réponse israélienne (« réponse » étant le mot le plus neutre que je puisse trouver, et c’est bien l’absence de qualification que je vise ici) ont déjà eu lieu (la « réponse » n’est pas close, comme on sait, pas plus que l’attaque russe). L’Ukraine, c’est à la porte de la Pologne. Les bombardements de Gaza, on sait comme c’est accroché – historiquement, discursivement, stratégiquement aussi, et pour de nombreuses raisons – à l’histoire, et à la Shoah. Enfin (le troisième terme de ce triple point), la Pologne est engagée depuis quelques décennies dans la construction d’un récit de déni à propos de sa part dans la Shoah. De ces trois points, presque rien ne transpire dans le film, et cette absence est évidemment criante (elle est massivement criante sur l’Ukraine et Israël, plus subtilement sur les dérives idéologiques polonaises – dire d’ailleurs ici que la Pologne co-finance le film…). C’est comme s’il se déroulait dans un monde où tout cela n’a pas lieu. Il n’y a pas d’histoire. Il n’y a pas de conséquences à l’histoire. Il n’y a pas de problème hors les problèmes psychologiques des personnages. Ces problèmes sont réels, la souffrance est réelle : mais elle semble barrer tout accès au réel du monde, y compris à sa pensée. Rien ne semble pensé dans le film : il ne s’empare de rien explicitement, il n’élabore rien. Il pose là. Est-ce impensé ou au contraire puissance de la proposition de cinéma ? A la frontière entre les deux, peut-être. Ce qui est d’autant plus paradoxal que dans le même temps tout semble, justement, dit, explicité, nommé, et ce de la manière la plus anti-cinématographique possible.

[sur l’absence totale des affaires du monde qui, à nous spectateurs, semble criante, il y a une autre explication possible, d’ailleurs pas incompatible. Les âges des personnages ne correspondent pas à ce qu’ils devraient être, ou très difficilement : la fille de rescapé est beaucoup trop jeune pour être fille de rescapé en 2025, les deux cousins également trop jeunes pour être petits-fils d’une rescapée. Ça peut tenir, avec des parents très vieux, mais il faut vraiment étirer toutes les générations. Ce vers quoi cette bizarrerie des âges pointe, c’est que le projet du film daterait, en réalité, d’il y a quinze ou vingt ans : raison pour laquelle son geste n’aurait pas, a priori, inclus les bouleversements et questions actuelles. Mais sur le fond cela ne change rien : d’une part parce qu’il se fait aujourd’hui, de fait, d’autre part parce que cette fixation sur des âges d’avant recoupe, redouble, cette fixation générale : ici rien ne bouge, quel que soit le moment, l’âge, l’état du monde]

Le film semble une sitcom plate, déclarative, explicative, autour du traumatisme de la Shoah et de sa transmission dans la famille, la descendance des rescapés.  Peut-être n’est-il effectivement que cela. Evacuant donc, par sa platitude, qui vient incarner l’absence de mise en forme (aussi bien psychique, historique, intellectuelle donc que cinématographique), toute contemporanéité réelle, tout regard réel sur le monde, et aussi tout travail véritable du trauma (et je crois que cela marche ensemble). Champs et contre-champs parfois maladroits mais tout du long totalement informatifs, standard ; rythme incertain, parfois un peu « buddy movie » (des répliques ping-pong, des plans ping-pong), parfois s’arrêtant avec déférence dans les endroits où il faut de la déférence (les plans documentaires de Majdanek – heureusement suivis d’ailleurs d’une coupe franche du son, silence qui tranche et élève un instant le geste – mais aussi dans les divers quartiers des diverses villes parcourues, plans bienvenus en ce qu’ils témoignent, simplement, frontalement, de la disparition intégrale d’un monde) ; jeu, enfin, également stéréotypé, avec tout le talent que les comédiens américains savent injecter dans le stéréotype, mais on est tout du long du côté de l’expression performative par le jeu d’une information explicite qu’il s’agit de faire passer sans ambiguïté. Jesse souffre d’angoisse, Kieran souffre de souffrance, le guide est heurté, le couple conservateur est choqué, etc, tout cela est très manifestement joué, donné au spectateur. Pas étonnant que la grande souffrance de Kieran lui ait apporté un Oscar : c’est exactement le registre. Tous les enjeux des personnages sont nommés, débattus, dans des « scènes fortes » où l’on déballe enfin son sac avant de se réconcilier. Et les enjeux semblent simples : quand on vient d’une famille qui a subi la Shoah, ça laisse des traces, on est abîmé. Chacun à sa manière. Donc il est bienvenu d’aller regarder là d’où on vient, là où ça a eu lieu. Sans doute ça fera du bien ; cela semble en tout cas un passage nécessaire. De même qu’expliquer au guide que se contenter de donner des listes de chiffres manque de chair, et ne fait pas une expérience de voyage très riche humainement, lui permettra de s’améliorer, car il a réellement envie d’offrir une expérience humaine riche, de même se secouer quelque peu en allant regarder les montagnes de chaussures de Majdanek améliorera la psyché des uns et des autres. Sitcom explicative, donc. Et inclusive : le film ouvre la porte de « la grande famille des génocidés » à « de l’autre », avec son personnage de survivant du génocide rwandais : de sorte qu’il n’y a pas ici de « concurrence des souffrances », mais une solidarité entre les victimes… Tandis que le couple de Juifs dont la famille est arrivée aux Etats-Unis au 19è siècle est assez éloigné de cette histoire et ne semble pas être traversé dans sa chair par les émois qui agitent les autres.

Mais une sitcom avec cailloux dans la chaussure. Le génocide rwandais, vu d’Amérique, c’est une souffrance apolitique, on peut donc la convoquer sans soulever d’enjeu. C’est même pire que cela, à vrai dire : le personnage du rescapé participe à ce tour parce qu’il s’est converti au judaïsme, en lequel il a trouvé cette fraternité de souffrance et une forme adéquate de réponse intellectuelle et spirituelle. Pas de concurrence, une subsumption : toutes les souffrances sont subsumées à la grande souffrance de l’holocauste / des Juifs (ils savent bien souffrir). Comment de là voir qu’il se passe des choses ailleurs ? Sans même parler de : comment voir qu’il se passe des choses articulées à ce qui s’est passé, et qui sont à penser en tant que telles ? Naturellement cela fait écho à une forme de déni de pas mal de gens en ce moment : pris sans sa souffrance, on ne veut rien savoir de quoi que ce soit d’autre. Rien. Ça n’existe pas. Il n’y a que sa souffrance : qui, dégradée (et cela, les personnages le nomment de manière assez forte : ils souffrent de rien, ils n’ont rien subi, leur souffrance est pure de toute cause, en quelque sorte – devenue souffrance pure), occupe tout l’espace, aveugle à tout autre. Et ne bouge pas d’un iota : se dégrade, oui, mais reste intacte dans son essence, de plus en plus intacte : pure. Il faut voir le sentiment de désespoir absolu que dégage effectivement Kieran du début à la fin, et surtout à la fin : il n’en est pas sorti, il n’en sort pas, il n’en sortira pas, ça ne bouge pas. Le trou.

Donc pas une sitcom du tout, en ce sens : puisqu’il y a tout sauf happy end. Il y a immobilité parfaite, terrible. On pourrait même accorder une grande subtilité au film : dire que l’Ukraine et la Palestine sont là, avec la scène grotesque autour de la statue des révoltés du ghetto de Varsovie, dire que le déni de la Pologne est là avec la scène malaisante et fugace du caillou devant la porte. Et que mettre en scène cette immobilité, cette transmission intacte du trauma qui ne bouge pas, qu’on n’arrive pas à défaire, à côté de ce silence total sur ce qui se passe en même temps, et qui se passe notamment au nom du trauma en question, c’est justement pointer l’impasse, réussir à la nommer. C’est peut-être le cas. La scène autour de la statue : soudain, Kieran pousse tout le groupe à s’identifier, par jeu, aux combattants monumentaux du ghetto, ceux qui « ne se sont pas laissés conduire à l’abattoir comme des moutons ». Ils se mettent à faire mine d’avoir des fusils, à prendre des poses de combattants héroïques. La statue ramène le soviétisme dans le film, son esthétique monumentale  – on pense à l’URSS, on pense à la Russie, on pense aux combats actuels, juste à côté. On pourrait y penser, disons. L’évocation de ce trope sur les Juifs qui se seraient laissé mener à l’abattoir comme des moutons renvoie facilement, elle, à la création d’Israël et à une part importante de son élan et de sa construction : les Juifs peuvent avoir un pays à eux, ont le droit de se défendre, deviennent des soldats, ont une armée. Désormais les Juifs ont une armée – comme les héros du ghetto de Varsovie l’ont fait dans la circonstance la plus adverse imaginable. Hommage discret à Israël (parce qu’en effet, et j’en appelle ici au lecteur, qu’il réponde honnêtement pour lui-même à la question sans se laisser aller à aussitôt proférer un jugement moral facile pour qui n’est pas concerné, pour qui n’a jamais été réellement menacé de mort : qui a envie de se vivre comme un mouton ? qui veut se laisser mener à l’abattoir sans coup férir ? n’est-il pas naturel, comme le crierait Shylock, de réclamer d’être traité comme n’importe quel humain ? et de s’en donner les moyens ?) Hommage éventuel teinté d’une éventuelle ironie tragique –une critique, donc - dans le pathétique un peu honteux de ces bourgeois américains qui miment le combat pour la survie ? On peut voir ici la dialectique impossible du moment. Subtilement.

De même que dans cette scène où les habitants polonais de la cour de l’immeuble où vivait la grand-mère de Jesse et Kieran demandent, embarrassés (le plus vieux au bord d’être agressif, le plus jeune très aimable) à nos héros de ne pas laisser devant la porte le caillou qu’ils viennent d’y déposer, caillou signe de deuil, deuil d’un monde, deuil de leur grand-mère, parce que la vieille femme qui habite désormais là risquerait de trébucher dessus : on pourrait lire la critique subtile de la politique polonaise à l’égard de la mémoire de la Shoah : ils respectent, tout ce qu’on veut, ils entretiennent les monuments, ils parlent poliment aux visiteurs, mais ils ne veulent pas qu’on leur mette des cailloux sous les pieds, ils ne veulent pas que ça les concerne, tout de même.

Or il se trouve que ça les concerne. Qu’ils y ont pris grande part, que c’est un sujet explosif en Pologne, parce qu’une partie des Polonais, et jusqu’à il y a peu le gouvernement d’extrême-droite qui tenait les rênes du gouvernement, ne veut pas en entendre parler, interdit de le nommer, empêche l’histoire d’être dite. Je renvoie ici au très beau film récent de Joanna Grudzinska sur ce sujet précisément, POLOGNE CONTRE-HISTOIRE. De même qu’il se trouve que des massacres ont lieu à Gaza et en Cisjordanie. De même qu’il se trouve que la guerre fait rage juste à côté de la Pologne.

On peut considérer que les interprétations ci-dessus des subtilités du film sont pures projections de ma part. Je crois qu’elles sont bien réelles. Mais je crois aussi que les séquences en question, ces incursions dans une pensée du présent, sont bien trop timides ; tellement timides qu’elles restent terriblement loin, terriblement en deçà de ce qu’il faudrait, presque inaudibles, qu’elles ne font pas basculer le film du côté d’une nécessité, qu’elles ne permettent pas d’avancer. De même que le film ne s’autorise pas son propre langage cinématographique, ne sort pas de rails terriblement étroits dans son écriture standardisée, de même il ne s’autorise pas à parler vraiment, à élaborer vraiment, à plonger vraiment dans ce qu’il énonce. D’où aussi l’immobilité, à la fois expression très puissante de cette peine sans fin, aveu et point d’impasse : cette si grande peine, on n’y touche pas. Eh bien, tant qu’on n’y touche pas, elle demeure, et elle continue à ravager.

Bien sûr on pense à ZONE OF INTEREST : montagnes de chaussures ici et là. Mais le film de Glazer, en nommant le passé, regarde le présent, les yeux dans les yeux (il n’est d’ailleurs pas anodin que Glazer, partout où son film est récompensé, parle de Gaza : il n’est pas aveugle, pas plus que son film, il sait ce qu’il regarde et il y va, il est logique qu’il sache aussi ce dont il veut parler, ce dont il faut parler) ; quand A REAL PAIN ne s’autorise pas, ou n’est pas capable ? je ne sais, à faire de soi autre chose qu’un névrosé emmerdeur qu’on aime beaucoup et qu’on plaint, un buddy movie triste (et parfois très triste – et parfois réellement drôle, d’ailleurs), héritier d’une histoire qu’il subit mais ne pense pas, et dont il s’autorise à ne pas avoir à penser, justement : parce qu’il souffre, parce qu’il est du côté de ceux qui souffrent.

Je me permettrai enfin, j’y suis obligée tant nous parlons de la même chose, d’évoquer mon propre film, NAVIRE EUROPE, qui tente d’explorer les conséquences au présent de la filiation depuis Auschwitz, dans ma propre famille. Cette peine, je la connais intimement – A REAL PAIN, avec toutes les réticences que je nomme ici, m’a tout de même fait pleurer très vite, et de manière incontrôlable. Mais je connais aussi sa nocivité et son aveuglement potentiels, je crois. Le trou, ce n’est pas qu’il faut « en sortir », dans un volontarisme positiviste qui nie son effet : c’est qu’il faut plonger dedans ; nommer l’innommable, et l’impossibilité de la nomination ; plonger dans son tissage avec le présent, parce qu’on n’en finit pas d’être pris, à Paris, à New York, Kiev, Gaza, Tel-Aviv, dans les réverbérations de l’histoire. On ne peut pas timidement s’en approcher, faire oups ! et reculer après trois petits tours, parce que ça brûle trop ou que c’est interdit (les deux sont liés, mais pas confondus). Sans quoi il me semble qu’on ne fait que reconduire, continuer à produire, le même, et qu’on n’a pas fini de pleurer. Parce qu’il y a en effet de quoi avoir de la peine ; une vraie peine. Encore un effort, Jesse, en somme ? Bien que ce soit déjà fort courageux d’être allé s’y frotter.  

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