Martin Papyrus

Abonné·e de Mediapart

7 Billets

0 Édition

Billet de blog 14 février 2011

Martin Papyrus

Abonné·e de Mediapart

Un grand soir égyptien (I)

Jeudi 10 février, assez tard dans la soirée, dans le salon six personnes sont suspendues au discours du raïs. Dans sa chambre-bureau Abdallah Riyami, poète et journaliste, suit la performance de Moubarak sur son écran d'ordinateur. Ce jour, Abdallah a acheté un poulet, dans la cuisine son ami Assie, poète, commence à le préparer. Il boude le président, agacé par l'atmosphère religieuse que sa présence télévisée engendre, aussi se concentre-t-il sur sa tâche.

Martin Papyrus

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Jeudi 10 février, assez tard dans la soirée, dans le salon six personnes sont suspendues au discours du raïs. Dans sa chambre-bureau Abdallah Riyami, poète et journaliste, suit la performance de Moubarak sur son écran d'ordinateur. Ce jour, Abdallah a acheté un poulet, dans la cuisine son ami Assie, poète, commence à le préparer. Il boude le président, agacé par l'atmosphère religieuse que sa présence télévisée engendre, aussi se concentre-t-il sur sa tâche.

On croit tous savoir que le raïs il va enfin annoncer sa démission, une déclaration du premier ministre Ahmed Chafik à la BBC laisse entendre que Moubarak est sur le point de quitter le pouvoir, l'armée a déclaré de son côté qu'elle appuyait « les demandes légitimes du peuple », les spéculations vont bon train, la presse internationale en parle, le bruit circule. Sous tension depuis deux semaines, le pays est suspendu à l'orgueil du dernier pharaon.

Après avoir regardé quelques minutes les images de la momie qui démarre son intervention en susurrant « comme un père à ses enfants », usant de ce paternalisme terrifiant dont les Égyptiens connaissent le prix, je rentre dans ma chambre et m'allonge de fatigue, revisitant ces journées qui viennent de s'écouler.

Le mardi 25 janvier, les affiches de Gamal Moubarak, le dauphin, arrachées par des jeunes impavides à la station de tramway Ramleh sous l'œil des quelques centaines de personnes et d'un escadron de policiers anti-émeutes. Le même soir dans mon quartier je tombais sur des affrontements entre de jeunes lanceurs de cailloux et des policiers courant d'un point à un autre, apeurés. C'est là que j'ai vu arriver un véhicule blindé avec, dépassant du toit, un policier armé d'un fusil et visant un groupe de ces rebelles, provoquant un recul immédiat, et ma fuite. J'apprenais bientôt qu'au Caire les manifestations avait été importantes, on parlait de 15000 personnes, chiffre qui m'a paru modeste au regard d'une population évaluée à 20 millions d'habitants.

Le vendredi 28 janvier, j'ai vu et accompagné une foule énorme qui défilait sur la Corniche, c'est là que j'ai commencé à croire que quelque chose se passait vraiment. Car c'était des familles entières qui demandaient le départ du raïs. Le verrou de la peur avait sauté, par le miracle d'une jeunesse audacieuse. On venait me parler, me dire la haine du peuple égyptien pour Moubarak et son régime. Le besoin de changement, de démocratie.

Je demande à quelqu'un combien il pense qu'il y a de monde, il me répond sans hésiter : « one million ». Bon ! je ne le contredis pas. Je lui demande si demain il y en aura autant, il me répond « tous les jours jusqu'à la chute du gouvernement. » Je me dis voilà un petit jeune qu'il a tout compris. Un autre me demande : « do you like that » Je réponds yes (c'est de l'anglais). La foule qui marche est calme, quelque drapeau égyptien, quelques banderoles, peu. Contrairement à mardi où je voyais surtout des jeunes, il y a ici tout le monde, jeunes et vieux, des femmes, des enfants, toute la famille marche. Je ne vois rien qui ressemble à un dispositif policier, pas un uniforme, quant aux flics civils, je n'en perçois pas, mais il y en a forcément. On marche un moment et là je me dis mais que je suis con, il faut que je cours vite jusqu'à l'hôtel, que je fasse des photos du cinquième étage, on verra mieux la foule, le nombre. Alors je ne cours pas mais me presse, parce que je suis maintenant en queue de peloton. J'arrive en bas de l'immeuble, l'ascenseur est occupé. Je prends l'escalier. Je vois qu'une chambre est ouverte qui donne directement sur la rue ; dedans, à la fenêtre il y a le gérant, je frappe, lui demande si je peux rentrer et faire des photos. Malheureusement il est trop tard, il ne reste que des gens éparpillés, la queue du cortège. Madame arrive dans la chambre. Je lui raconte l'histoire du million. Elle me dit « il faut encore plus qu'un million, on est 80 millions d'Égyptiens », sur un ton qui ne souffre pas l'ambiguïté, elle est ravie de cette cohue.

Cette semaine là un article de Al Ahram Hebdo évoquait la recrudescence des suicides en Égypte, soit 8000 morts par suicide l'an dernier sur plus de 100 000 tentatives. Soixante-sept pour cent de ces suicidés sont des jeunes de 15 à 25 ans. Par ailleurs, les jeunes du réseau facebook inventent une nouvelle électricité, ils mettent le feu à la poudre et ils sont rejoints par tous les âges et bientôt presque toutes les couches de la société.

Le pouvoir ne s'y est pas trompé, il a bloqué ce jour l'internet sur tout le pays, ainsi que les réseaux de téléphonie mobile, l'Égypte est coupée du monde, une grande première dans l'histoire post-moderne. Le pays restera cinq jours sans réseau internet, un aveu d'impuissance du pouvoir mais qui n'est pas sans semer une réelle angoisse chez tous les isolés.

Dans Al Ahram Weekly de la veille, en première page, un long papier de Mohamed Abdel-Baky, écrit à partir des divers interviews, insiste sur le fait que, la mobilisation semblant se maintenir, toutes les spéculations deviennent inévitables. Les observateurs politiques prédisent que le chaos aussi bien que la révolution peut survenir. Les représentants du pouvoir, pour leur part, allèguent que les demandes de la rue ne sont que sociaux-économiques, alors que les manifestants exigent avant tout un vrai changement... politique.

Le soir de ce même 28, j'entends, montant du bitume de la Corniche, un étrange roulement de fer qui éveille aussitôt un pressentiment. Sortant sur le balcon je peux voir, effectivement, l'arrivée des blindés qui filent vers l'est de la ville. Avec ce défilé de tanks couleur de sable, l'armée entre en scène. Sur le balcon d'à côté il y a mes deux voisins qui se mettent à siffler dans leurs doigts. Je ne sais pas si c'est pour acclamer (à l'américaine) ou conspuer, j'hésite à me décider, je suis troublé.

Un de ces deux-là me prévient alors que la télévision vient d'annoncer un couvre-feu sur trois villes : Le Caire, Alexandrie, Suez. Interdiction de sortir après 19h, jusqu'à 8h du matin. Ayant prévu de sortir manger je demande l'heure, il est 19h30. Devant mon désarroi, mon voisin me dit : « Welcome to Égypte. » On rit. J'ai faim.

Avant de m'endormir j'ai pu entendre que de temps à autre des tanks circulaient. Mouvement voulu, je suppose, pour bien marquer la présence militaire. À chaque passage, vacarme dans la rue, très loin de « l'espion au pattes de velours ».

Le lendemain, 29 janvier, j'apprends que 1000 personnes ont été arrêtées. Des journalistes maltraités. Moubarak a parlé hier soir, pour annoncer des changements, il a nommé un vice-président, son fidèle chien de garde Omar Soleymane, le responsable des services secrets. Sous couvert de promesse de réforme et de quelques changements dans la distribution des rôles la répression se met en place. Le ministre de l'intérieur, le détesté Abib El Adly, n'est plus en poste, et sa police semble avoir disparu, abandonnant le pays à son ordre. Ou plutôt en veillant à semer le désordre, en faisant par exemple, ouvrir la prison d'Abou Zaabal.

Le 30 janvier, je suis dans le centre ville où tous les magasins sont fermés. Rue Nabi Daniel, un seul est ouvert, le rideau est à moitié baissé mais les clients s'y pressent, on y vend des armes à feu. Plus tard, avec Assie, nous rejoignons la manifestation du jour, il me traduit les slogans.

Les gens crient « horreya, horreya » (« liberté, liberté »). On entend souvent aussi un « merci à la Tunisie de nous avoir appris quelque chose d'important. » Beaucoup de slogan anti-Moubarak, tel que « jugez-le, jugez le. » Le plus courant, repris en chœur : « Le peuple veut la fin du régime. » On entend aussi des appels à la participation de tout le monde, un slogan dit « Égyptiens, n'ayez pas peur, on ne meurt pas de descendre dans la rue. » Une banderole en anglais demande aux gouvernements occidentaux d'arrêter leur hypocrisie et de soutenir le peuple égyptien. Certaines banderoles indiquent une nouvelle longueur de fréquence pour capter Al Jezirah, car le gouvernement a brouillé sa fréquence habituelle, ainsi que celle de la BBC. Un professeur d'anglais vient me parler, « nous avons besoin de démocratie, d'avoir un régime comme ceux d'occident et d'Israël. Il me rappelle le type qui ce midi, me voyant faire des photos est venu m'expliquer que les Égyptiens ne sont pas des barbares, mais des gens civilisés, que par exemple ils ne sont pas contre Israël ou les juifs mais contre les Sionistes qui tuent les Palestiniens. Il y a autour de nous beaucoup de gens du Kefaya (« Ça suffit »), mouvement laïque de gauche. Plusieurs dizaines de milliers de personnes. A un moment on se regroupe sur une place, quelqu'un va parler à la foule, il y a un discours. Un homme vient m'expliquer que l'orateur est un professeur de radiologie de l'université de médecine, que lui-même est maître de conférence, « je vous le dis parce que le gouvernement semble dire que ce sont des voyous qui sont dans la rue, c'est faux, les intellectuels sont là, et depuis ce matin, les association de juges et d'avocats sont entrées dans le mouvement.» Ce même homme, qui me parle en français, m'explique que Al Jezirah a été brouillé dès qu'ils ont expliqué que parmi les hommes arrêtés pour les violences et dégradations il y avait une grand nombre de policiers. Un journal titre même sur le complot qui regrouperait la police et les bandes de voleurs. Stratégie de pourrissement pour récupérer la situation ensuite.

Après la manif, longeant la voie de tramway, nous marchons vers le quartier Sporting. La nuit tombe, le couvre feu est en vigueur depuis deux heures, les magasins sont presque tous fermés. À chaque carrefour des barrages ou des ralentissements improvisés avec des poubelles renversées, des barrière de sécurité, ou des échelles doubles disposées au sol, et des jeunes gens avec des matraques. Ils sont là pour contrôler, contrôlent les voitures, font ouvrir les coffres, mais ils nous laissent passer sans problèmes. Assez impressionnant, tout ce dispositif. Des coups de feu retentissent l'autre côté des immeubles, quelqu'un dit que c'est à Sidi Gaber qu'il y a des affrontements.Un café dans une petite rue semble ouvert, nous allons boire un thé. Ce sont des garçons d'un service d'ordre qui boivent ici, la télé est allumée sur Al Arabia, une chaîne saoudienne, Assie entend que Al Baradei va aller parler sur la place Tahrir. On voit des images de foules, il y a beaucoup de monde dehors au Caire, contrairement à ce que montre la télé égyptienne. Plus tard nous trouvons la porte de l'immeuble fermée, frappons un moment jusqu'à ce que le veilleur vienne nous ouvrir. Les habitants du rez-de-chaussée nous ont entendus, ils l'ont appelé. Une fois à la chambre, je lis The Egytian Gazette, j'apprends que 60% des postes de polices ont été incendiés. L'aéroport de Cairo fonctionne normalement, avec quelques changement d'horaires. Les trains fonctionnent jusqu'au couvre feu. Certains ont été incendiés ou pillés. La bourse et les banques sont fermées jusqu'à nouvel ordre.

Ce matin du lundi 30, j'ai pu téléphoner en France. Coup de fil très rapide qui a mangé toutes les unités, mais enfin je sais que les proches seront rassurés au moins pour un temps. Les distributeurs d'argent sont inutilisables, j'ai de quoi vivre une semaine ou deux, maximum.

Aujourd'hui la télé nationale diffuse la cérémonie de réception du nouveau gouvernement, où chaque ministre vient prêter serment devant le président. Il dit quelques mots, se dirige vers lui, lui sert la main et s'en va, ainsi chaque son tour. Glacial. Sinon c'est toujours les mêmes images de rues du Caire assez tranquilles, somme toute. Pas de vues sur Tahrir où il y a un million de personnes d'après les informations de ceux qui ont téléphoné de là-bas à Assie dans la journée.

Dans son discours, Baradei a demandé à Moubarak de partir, pour le bien de l'Égypte et pour le sien. Beaucoup de gouvernements demandent à leur ressortissants de quitter l'Égypte. Assie a eu un coup de fil d'une amie française qui se fait du souci pour lui, elle dit qu'en France le point de vue général est assez alarmiste, ils pensent que la situation va durer et s'empirer. Par ailleurs un bruit circule concernant le canal de Suez, il serait fermé ou sur le point de l'être.

Un immense graffiti sur un mur le long de la mer : « Cochon, va-t'en ! » Il me revient en même temps que, depuis des lustres, les Égyptiens surnomment Moubarak : « La vache qui rit ».

Toujours des allers et venues de véhicules militaires. Et dans le ciel des passages d'avions et d'Hélicoptères, incessants, ce qui est pénible, anxiogène. C'est fait pour cela, je pense, pour faire peur. Le message que la télé nationale tente d'instiller chez les téléspectateurs est celui d'une Égypte menacée de l'extérieur. Il y aurait une attaque possible. Propagande grossière mais qui fonctionne notamment chez un des deux voisins qui en discutaient avec Assie (qui m'a rapporté la conversation).

Durant que les jours passés défilent dans ma tête, dans la cuisine Assie fait face à son poulet, il est persuadé que l'histoire de l'Égypte est ce soir entre ses mains. Soudain une question l'assaille, pour lui elle cristallise les interrogations diverses qui traversent ces journées cruciales. Il n'y tient plus, il sort de la cuisine, se dirige à grands pas vers la chambre de son ami Abdallah, il frappe à grands coups sur la porte. Laissant le verbiage de Moubarak, Abdallah ouvre très vite, apeuré. Il voit son ami dans un état de quasi démence, s'inquiète. « J'ai une question très importance à te poser », lui dit Assie, d'un air grave.

Vas-y, dis moi.

Eh bien… le poulet, comment a-t-il été tué ? hallal ou pas hallal ?

Les deux mécréants éclatent enfin de rire. Comme moi quand Assie me racontera la scène un peu plus tard, avec le plus grand sérieux.

1er février. Avec Assie aujourd'hui à la manif, la plus grosse que j'aie vue. J'ai pris une photocopie de mon passeport et j'ai bien fait car en arrivant devant la mosquée Kaïdbrahim, dans le quartier Azarita, lieu de rassemblement depuis le début de la révolte, un barrage de jeunes gens nous arrête. Ils font des histoires, contrôlent mon sac, m'interrogent, veulent voir mes papiers, je montre la photocopie. Assie n'a pas ses papiers, j'insiste sur le fait que nous sommes ensemble, les gars s'excusent et nous laissent finalement rentrer dans le périmètre où se tient ce meeting d'avant la marche vers Sidi Gaber, quartier situé à quelques kilomètres. Il y a une peur d'agents provocateurs peut-être pas dénuée de raison. Le climat que cherche à faire régner Omar Soleymane se vérifie en partie. Une fois dans la foule, les gens viennent parler à l'étranger, me montrer leur pancarte. Il y a en évidence sur les marches devant la mosquée, avec des banderoles et des prises de paroles, le syndicat des avocats. Également une présence des Frères musulmans, qui semble assez nouvelle. Beaucoup de gens ont un téléphone mobile. Un homme discute avec Assie, lui dit que la BBC parle d'un quart de millions de personnes sur la place Tahrir, au Caire. On sent que quelque chose se joue, comme une course de vitesse.

Un barbu vient vers moi, parle fort, il me demande ce que je fais là, veut me contrôler, la peur d'un attentat, Israël, etc. Je me laisse faire, j'ouvre mon sac, il vérifie, et me dit que c'est ok, que je peux rester. À un moment un jeune type vient me voir, me parle, il se présente comme militant du Waft et employé d'une chaîne locale. Il me traduit les slogans, m'explique ce qu'on voit. Là, c'est un grand bâtiment détruit par le feu, que je prends en photo, c'était le siège de la police. Puis il m'explique que tous ces jeunes qui ont pris ce mouvement en main veulent une démocratie, ils veulent la fin de ce régime policier, ils veulent pouvoir faire leur vie. À un moment il déclare : « nous n'avons jamais été autant en sécurité qu'aujourd'hui. » Alors que tout pourrait vouloir dire le contraire il me dit cela et c'est une phrase forte qui me touche, que j'ai plaisir à transcrire. Sans la police on se sent en sécurité, en fait. Un homme, peu avant, est venu aussi me parler de la police, je le vois tirer sur le col de son pull pour me montrer les traces de torture sur son cou, et il précise qu'il avait été arrêté tout simplement pour avoir critiqué le régime. Un homme m'aborde, demande d'où je suis, il me dit en français qu'il a fait Sciences-Po à Paris VIII, que ce qui se passe en ce moment c'est l'événement politique en Egypte le plus important depuis les pharaons, il est avec une équipe de télé, laquelle veut que je témoigne en tant qu'étranger, et c'est vrai que je n'ai pas vu d'autres visages pâles dans la manif, ni les autres jours, il doit y en avoir mais très peu. Au Caire, sûrement beaucoup plus. Je refuse de parler, ne me sens pas légitime, c'est aux Égyptiens de parler enfin. Ils insistent, je finis par lâcher quelques mots, maintenant dans la boîte. Je dit juste que le mot « liberté » est devenu un peu plus concret pour moi pendant ces journées, alors que je sentais très physiquement un peuple qui respire enfin, dans une libération. J'avais songé à cela après une discussion avec Assie, un soir. Nous parlions de toutes ses humiliations subies par ce peuple pendant des décennies, elles ressortaient maintenant au jour sous forme d'amour et de joie partagée dans ce combat évident. Assie avait pris comme exemple la femme de ménage de l'hôtel, il la connaît depuis plusieurs années, et là pour la première fois elle a parlé de politique avec lui, a fait part des humiliations, de la vie difficile, de l'injustice qu'elle subit chaque jour. C'est un peuple qui a faim ! La lutte au quotidien pour une grande partie de la population se résume à la recherche de la nourriture. Le fatalisme d'un peuple éminemment pacifique s'ouvre parfois sur des colères révolutionnaires.

Le jeune type du Wafd me montre sur le côté une bande de nervis armés de matraques, des gens du PND, le parti du président, ils regardent passer la manif sans rien faire. « Regarde combien ils sont, regarde combien nous sommes. » commente mon guide.

À un moment, alors que le soir tombe, je suis bloqué par une station prière, on n'avance plus. Assie est devant. Nous nous sommes perdus.

Plus tard, une fois rentrés à l'hôtel où nous nous sommes retrouvés, je mange quelques esch avec du fromage, Assie allume sa pipe, me récite de ses poèmes. Nous essayons de les traduire de l'arabe au français, c'est un beau moment, paisible. Je me souviens de : « combien stupéfiant le papillon/de l'amour qui a brûlé ses ailes/il a capté la vitesse de la lumière. »

[ à suivre ↓]

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.