Aujourd'hui 31 décembre, sur le coup de 18 h, voilà que je reçois un mail parfaitement extravagant : le plus beau, le plus risible et dérisoire de l'année ! Ouahou !
C'est... C'est Lustucru qui m'écrit ! Lustucru qui, pour la première fois de sa vie (et de la mienne), m'écrit en personne sur ma boîte mail perso.
Oui, Lustucru, la firme aux milliards. Aux milliards de pâtes !
Elle m'offre, juste en échange de mes données personnelles... une année entière ! Si si !
J'en crois pas mon bonheur !
Une année ??? Ô diable !
Une année de quoi ? Je vous le donne en mille chère Marie (comme ils me disent)...
Une année de pâtes !!!
(Authentique !)
Alors là ! Alors là,
Mon cher Lustucru, je me dois de vous rappeler à l'ordre. Un tantinet à l'ordre.
Voici :
J'ignore où et comment vous avez eu mon adresse, mais (basta, passons la spontex sur ces vétilles !) c'est juste pour vous dire que :
Même si j'adore les pâtes, nourriture très saine au demeurant, ce soir j'ai choisi non seulement autre chose à mastiquer, mais aussi de rester seule. Seule et sans pâtes qui collent donc.
Vous m'offrez vos pâtes comme ça, sans me connaître et sans connaître mon sort véritable... Pardon mais je trouve qu'il y a là quelque indécence... Beaucoup d'indécence si l'on y pense.
Où avez-vous donc pris l'idée que je mangerai des pâtes toute l'année 2014 durant ?
Vous voulez me casser le moral - que j'ai déjà pas beaucoup - et me pousser au suicide ???
Pôle Emploi vous aurait-il vendu la mèche de fin de droit ?
Si tel était le cas, alors là... Alors là, je ne serais pas du tout d'accord ! Bisque bisque rage.
C'est vrai que Pôle emploi vient de m'aviser que, même si mes droits à la retraite étaient ouverts dès octobre, la réforme de 2010 m'en prive une année et demi de plus. Et comme je suis au chômage... ça ne le fera pas car les autres (ceux du chômage) font comme si je n'avais plus besoin... Puisque j'ai l'âge des droits sans les droits ! Démerde toi petite conne ! semblent-ils me dire tandis que, désormais, ce serait le tiers du denier salaire, celui de 2010... Et : http// crèvedonctoitouteseulelagueuleouverte.conne...
Fin de droits ? Plus de droits ?
Vrai. Je n'ai plus rien de grand chose et n'ai jamais été aussi pauvre sans sommation. Mais merde !
Merde, cher Lustucru ! Car comme j'avais réussi à économiser 8 000 euros tout au long de ma longue vie de labeur discontinue...
Ce soir je viens de me taper la cloche comme je le désirais. Avec :
- D'abord, un somptueux film commandé tout exprès en DVD chez FNAC COM (*). Assorti de :
- Un foie gras maison aux truffes du copain du lointain corrézien + une petite St-Jacques fraîche sur lit d'asperges vertes en crème
- Un petit dos de cabillaud rôti + salade mixt endive/roquette/balzam
- Une demi bouteille de vin blanc de Loire
- Des mini sablés aux framboises confectionnés par mon amie Domi.
Le vice restant dans la demi mangue superflue...
Alors.... Monsieur cher Lustucru,
Non seulement je n'ai pas besoin de vos pâtes et, même si je les aime bien, je vous prie de comprendre que, offensée que je reste, je décline votre offre.
Et,
en outre,
désormais,
du fait de votre infamant et si maladroit message,
moi qui, pourtant, adore les pâtes,
je m'acharnerai à contourner définitivement et exhaustivement votre marque, vexée que je resterai.
(*) Le film, vu à sa sortie en 1979, était introuvable. Finalement repéré, un DVD avait été commandé précisément à cet effet : la belle et "bonne année" 2014, ses vœux à la noix, ses ripailles ! Seule délibérément de fortune bon cœur - et sans que nul ne vienne me tousser sur l'épaule ou me réclamer un homard malencontreusement enfui avec mes assedic - je passerais enfin, pour la première fois de ma vie, et même sans ma copine socialo-hollandiste que j'en peux plus de sa créinerie, trois heures à revoir un chef d'œuvre ! Sibériade de Andrei Kontchalovski - Grand prix au Festival de Cannes/1979.
Ce film - qui dure trois heures et quelques, épopée et saga grandioses, nous dit, finalement et pour le dire très très vite, à quel point, le communisme est bien (avec ou sans pâtes, l'eussions-nous cru !), avant tout un exotisme ! Oui. Un grand exotisme de besoin urgent.
Or, cher Monsieur Lustucru, aujourd'hui et à l'heure de notre... si mondiale et néanmoins agonisante planète, nous avons, me dis-je au sortir de ce film, plus que de tout autre gadget planétaro-mondial, grand besoin d'exotisme.
Oui. L'exotisme absolu, ce pourrait être ça, le communisme version XXIe. Un brin de folie quoi ! Histoire d'enfin décoiffer un poil l'Histoire...
N'ayez crainte Monsieur Lustu qui croit n'importe quoi ! Vous, vous continueriez - et sans qu'on vous coupe du tout le chef car y'a progrès - sans peine et fort gentiment, à nous fournir de bonnes pâtes comme on les aime et aimera toujours. Sauf que nous ne serions plus, nous, de bonnes pâtes... ni chair à pâté ou à canon, ni "poire"-ni "pigeon". Bref, la farce serait à fourguer ailleurs : pas fastoche j'en conviens, vues les sauces médiatiquement médiatiques et les entremets, hollandissimement langue de bois de rose, sans pieds paquets ni queue de bœuf...
Nous ne serions plus - enfin ! - des bonnes pâtes qui gobent tous les plus mauvais jus jusqu'à l'indigestion sans savoir ce qu'il y a dedans. En plus !