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Billet de blog 9 janvier 2015

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Hier soir, lors d'un rassemblement organisé dans ma petite ville de Port-de-Bouc (13),parmi élus, syndicalistes, Mouvement de la Paix, journalistes, qui se succédèrent à la tribune, se détachait pour moi l'intervention subtile et juste de Jean-François Arnichand, journaliste au quotidien régional La Marseillaise. Je lui ai réclamé le texte de son allocution, ainsi que son autorisation de la publier. La voici.

le 8 janvier 2015

 « Les seules choses qui soient sacrées,

ce sont la démocratie et l’être humain »

 A travers « Charlie Hebdo », c’est une presse  « différente » qui est touchée : Cabu travaillait aussi pour « Le Canard enchaîné », Charb pour « L’Humanité », Tignous a dessiné pendant plusieurs années pour « L’Humanité dimanche »… « Charlie Hebdo », quel que soit le jugement que l’on pouvait porter sur tel ou tel article, telle ou telle caricature, représentait le droit à l’irrévérence, à la dérision, à la moquerie envers tous  les pouvoirs. J’ai envie de dire qu’aucun pouvoir, civil ou religieux, n’est sacré.

 Les seules choses qui soient sacrées, ce sont la démocratie et l’être humain.

 C’est ce droit à l’irrévérence que ceux qui ont commis cet acte barbare ont voulu assassiner.

 Rappelons nous que dans l’histoire du siècle dernier, deux périodes ont été marquées par des atteintes à la liberté à la presse et ce sont deux périodes sombres de notre histoire :

-       l’occupation où la presse était entièrement muselée, au service de la collaboration et du régime nazi

-       durant la guerre d’Algérie où certains journaux ont été censurés, notamment pour avoir dénoncé la torture.

 Aujourd’hui, plus que jamais, l’existence de médias indépendants des puissances d’argent, des grands groupes, est essentielle au débat démocratique. « Charlie Hebdo » y participait à sa manière.

La pluralité des titres, des opinions, c’était un engagement du Conseil national de la Résistance en 1943-1944. C’est un patrimoine que nous devons défendre, non pas par nostalgie mais parce que la confrontation des idées, dans un monde complexe, est une nécessité. La démocratie n’a rien à gagner à l’imposition de ce que l’on appelle « la pensée unique ».

 Si les chaînes de télévision ont fait, je crois, un travail remarquable hier, l’unanimisme d’un jour, le sursaut républicain, l’hommage aux dessinateurs de « Charlie Hebdo » qui n’avaient pas cédé à la menace doit aussi nous faire réfléchir.

 Le fonctionnement médiatique actuel pose de multiples questions, dont celle de la représentation des médias critiques dans les débats.

 On ne voit quasiment jamais les journalistes de « L’Humanité », de « Politis », du « Monde Diplomatique »… ou même de « La Croix » sur les plateaux  télés alors que d’autres sont des invités permanents. Pourquoi la télévision, seul média de masse, qui pénètre dans tous les foyers ne donne-t-elle pas plus de place au débat ? Pourquoi donne-t-elle aussi souvent la parole aux tenants de la haine et d’une prétendue « guerre des civilisations », plutôt qu’ à ceux qui recherchent le « vivre ensemble » et ce qui nous rassemble, la condition humaine, tout simplement ?

Comme le rôle des journalistes n’est pas à mon sens d’asséner des certitudes mais de poser des questions, ce sont celles là que je voulais, modestement,  vous soumettre ce soir. Pourquoi ne pas rêver d’un grand mouvement citoyen pour que toutes les opinions aient enfin, voix au chapitre ? 

Extraits de l’article de Yannis Youlountas publié le 7 janvier sur le site de Siné Mensuel :

La fusillade qui a fait plusieurs morts à la rédaction de Charlie Hebdo confirme l’atmosphère liberticide qui, sous de multiples formes, menace actuellement la désobéissance, notamment sacrilège et satirique (…)

La désobéissance ne se négocie pas. Même si elle n’est pas du goût de tout le monde. Car désobéir, c’est vivre. Désobéir, c’est défendre le droit de choisir nos vies par-delà les idéologies mortifères qui nous menacent. Désobéir, c’est défendre la vie, parfois jusqu’à en mourir. Jean-François Arnichand/ Rassemblement sur le parvis de la Mairie de Port-de-Bouc. Jeudi 8 janvier 2015

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