Ce matin aux aurores, je suis partie à un vide-grenier dans l'intention de vendre et de le faire pour le "fun" !
Des livres qui ne rentrent plus dans mon espace trop modeste : Emmanuel Todd, Tobbie Nathan, etc. Tous mes neufs de Jim Thomson, de Westlake, les derniers Donovan, Camilleri, etc de chez Machin éditeur de pockets. Toutes mes éditions de Minuit récentes, tout Oster, etc... à l'exception de Christian Gailly !
Même à 50 cts (que vous avez achetés entre 10 et 20 euros), tous les livres que vous avez lus voici un an ou deux pas plus... tout le monde s'en fout et contrefout, Ce qui est un indice en soi.
Oserais-je affirmer qu'ils ont raison, tous ces gens qui cherchent des câbles, des chargeurs, des souris sans âme, des "tablettes obsolètes, des vieux téléphones, ou encore des "manettes de jeu" pour leur mômes ou pour eux-mêmes ?
Je l'affirme et je les comprends : les puces c'est les puces ! Et les puces ça bouge...
Et on y cherchera de plus en plus le dernier presse-citron tip top, le jogging ou les baskets siglés, bref, ce qui "le fera", le téléphone arabe ou la tourniquette/moulinette de Boris Vian reprennent du galon pour le meilleur et pour le pire...
Moi, exposée aux froids vents et marrées, inexpérimentée côté puces, déçue par l'insuccès de mes bouquins... je m'en fus rapido !
Je pliai donc bagage dare-dare et m'en fus musarder, flâner, marauder : oooouuuuiiiiche !!!!!!!!
C'est alors que je trouvai, au terme d'un périple coussi-coussa, entre chromos et vieille vaisselle, de santons en frippes approximatives, ceci (cf photo) :
Après m'être enquise de la nature et de l'usage de cet étrange objet, je sus !
Les vieux grecs fabriquaient des rideaux de coquillages qu'ils tressaient avec de solides cordes quadrillées. Dans chaque petit interstice, entre les cordages qui formaient un carré de 5fois 5, ils suspendaient un coquillage... Un coquillage toujours différent, qu'ils avaient pris soin de percer et d'attacher à cette fin dans chacun des carreaux de cette majestueuse fenêtre.
Combien d'heures de travail ? Heu... disons d' "activité" ? En pure perte et pour la gloire ? C'est là que réside la Merveille; là que se dissimule le mystère.
Trois euros pour posséder cet objet de beauté pure, ce "rideau de barbarie" ! Un truc d'une solidité à toute épreuve et d'une beauté à couper le souffle...
Que nos voisins grecs - ou leurs anciens - nous offrent la gratuité et la beauté du songe ( Ah mon bel Ulysse !) dans cet objet aussi inutile que précieux et technicien, voila ce qui devrait nous inviter à leur dire : Merci mille fois pour la beauté, la gratuité, ces insignifiants trésors de corde et d'os...
Les enfants de ceux qui ont tissé mon rideau de songe sonore qui tinte au vent doivent savoir que nous savons ce qu'ils endurent.
Savoir aussi que, dans chaque minuscule coquillage qu'encadre un travail savant de cordage, celui de ce rideau qui tintera au vent encore chez moi, avec sa si rare et précieuse musique, montera mon grand cri de colère devant le sort que leur réservent nos infâmes barbares...
Merci à la Grèce. Merci à tous les pépés grecs. Merci à leurs enfants et petits enfants pour leurs savoir-faire, leur sagesse, et leur savoir être.
Bref, à leur civilisation à laquelle nous resterons à tout jamais redevables.
Ultime requête : Vous qui endurez le pire, montrez-nous, amis, frères ou sœurs de griego, remontrez-nous le chemin !
Comme vous le fîtes déjà voici si loin... Voici si longtemps.