Nous le savons tous désormais : le droit du travail est bien trop complexe, compliqué, abscons, bref incompréhensible ! et bien trop touffu. Ou alors – et c’est là l’imposture et la farce majeures – il serait (ce livre !) responsable du chômage… Oh ! Autant en faire un autodafé.
Et c’est bien parti. Les bras et la cervelle (pour travailler ?) nous en tombent au fond des talons. Cet insupportable empêcheur de vivre et de respirer qu’est le Code du travail, cette offense au « bon sens » et à notre capacité si bornée de comprenette, il était grand temps d’y mettre bon ordre isnt’it ?
Le ministre banquier Macron ouvrant sa délicate oreille à son ami Gattaz et à leur bande, a commencé, et tiré le premier. Mais ils sont tous "premiers" dans ce domaine où il convient de se demander s’il n’y a pas « concurrence déloyale » ou "entente illicite" et droits d'auteur usurpés…
Résultat ? 1 000 pages de plus entre l’édition Dalloz du CDT de 2015 et la nouvelle mouture post-Macron de 2016. Merci petit ministre écornifleur et expert en embrouilles.
Fallait-le faire ? Oui !!! Et il le fit.
Qui veut noyer son chien le vaccine au rhabdovirus et voilà le tour joué. Et le chien, ici, c’est le salarié ravalé au rang de dindon de la farce. Le travailleur, l’ouvrier, le cadre et l’ingénieur, voire l’authentique entrepreneur, l'artisan, pourtant pas plus débile que vous pour s’enquérir de ses devoirs envers ses éventuels salariés, voire, s'il cherche bien, à les entortiller...
Voilà que maintenant, un comité des sages dont aura la charge ce grand bourgeois de Badinter pour préconiser ses solutions… Soit.
Lire à ce sujet, cet intéressant article sur MdP d’hier :
https://www.mediapart.fr/journal/france/171215/code-du-travail-une-commission-badinter-particulierement-homogene
Mais lorsqu’on y apprend, entre autres surprises majeures, qu’aucun représentant du monde salarié n’est invité dans ce vase clos d’experts, on comprend le peu de cas fait ici de la démocratie et de la représentativité sociale disons, pour employer un gros mot, de « classe »… Comment peut-on accepter cela ? Comment ?
ALORS QUE… La « COMPLEXITE » N'EST PAS DEBUSQUEE PARTOUT... Jugeons-en :
En parcourant pour cela quelques-uns des grands Codes des lois régissant les droits et devoirs de tous envers chacun et de chacun envers tous en République.
- CODE CIVIL DALLOZ 2016 : 3078 pages
- CODE PENAL DALLOZ 2016 : 3300 pages
- CODE DE PROCEDURE PENALE DALLOZ 2016 : 3094 pages
- CODE DU COMMERCE 2016 : 3836 pages
Et :
- CODE DU TRAVAIL 2015 : 1731 pages
- CODE DU TRAVIL 2016 (après les Lois Macron et autres embrouilles) : 3370 pages. Monsieur Macron, Monsieur Badinter,
Messieurs Badinter et Macron, Le CODE DU TRAVAIL n’est pas plus touffu ni abscons que tous les autres, même après l’addendum obscènement déplorable du sieur Macron ! Ce serait alors, en toute logique, tous les codes qu’il faudrait revoir, simplifier, alléger… si vous voulez vraiment et sincèrement que l’on vous croit dans vos désirs de croissance et de recul des inégalités et du chômage.
Vous le savez pourtant, vous prenez personnellement chacun votre place et responsabilité dans un dangereux recul de « civilisation ».
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Robert Badinter : "Pour ma part, dans le domaine des libertés, je porte le bonnet phrygien. Mais sur les sujets économiques et sociaux, j’ai toujours été un social-démocrate. » Tout es dit : on s'intéresse à la Liberté (la plus ambigüe des trois grâces de la République) mais l'égalité (centrale aujourd'hui mais jamais advenue) et la démocratie, on les refoule sous le boisseau quand ça va mal pour la caste.
Bref, les enfants... la Révolution c'est terminé qu'ils disent : puisqu'on a la liberté !