Voici quelques feuillets extraits d'un ouvrage rare à tous les sens du terme. Et si je ne le mets pas en italiques ce n'est qu' afin d'en faciliter la lecture. Mais qu'il soit bien clair qu'il n'est pas de moi... sait-on jamais ! Il est dédié à deux médiapartistes : Mireille Poulain-Giorgi et Myrtille (ou celle/celui qui se cache là et, je le reconnais, à bon droit)... Et comme j'aime bien jouer - mais sans jamais chercher à plumer/gruger quiconque - nous dirons qu'il s'agira ici d'en deviner l'auteur : un trivial pursuit où Dieu seul reconnaîtra les siens. Précision utile peut-être : il ne sagit pas pour moi de dénoncer ou de dénigrer quiconque, mais plutôt d'apaiser. De le faire en me servant (oui !) de la littérature romanesque dans ce qu'elle a de meilleur. Que la littérature serve. Vraiment et à toute fins utiles ? Mais oui mon général, car, dans son mystère et par lui, elle ne sert qu'à ça. Et mieux vaut ne pas se fourvoyer à ces sujets !
Et voilà, la chasse est ouverte :
<<<Elle doit être très triste et généralement triste. Elle a déjà dû connaître cette douleur de mépriser l’être qu’on aime. Il ne doit plus lui rester d’espoir malgré sa jeunesse sauf dans ce qu’elle doit appeler ses « rêves chimériques ». Et même ces rêves doivent atrocement la faire souffrir en animant ainsi ce qu’elle cherche sans espoir ; ce qu’elle a cru trouver une fois et dont elle s’est aperçu que c’était une grossière erreur.
Elle doit maintenant se méfier d’elle même.
Elle ne doit plus avoir confiance dans son élan et à chaque instant son jugement doit lui confirmer les raisons de cette méfiance.
Sa tristesse doit à chaque instant lui faire le compte de ce qu’elle a perdu et surtout la joie d’oser ; elle doit se croire inférieure. Elle doit certainement être capable de rester des journées entières dans un fauteuil et totalement absente de l’endroit où elle semble être. Et elle s’est prise de tant d’amour pour les endroits où elle va à ces moments-là qu’elle les protège contre tout le monde avec l’esprit le plus fin. Elle est certainement très bien habillée comme si son désir était de paraître, mais sa coquetterie la cache, en la faisant semblable aux autres femmes. (…) Le malheur d’une âme si franche n’est même pas sublime ; c’est simplement de l’ennui à vivre’ avec des gens bas et d’être constamment flouée par eux. Avec eux la coquetterie n’amuse pas ou bien il faudrait ne pas avoir d’âme et cette voix exprime toutes les nuances d’un cœur bouleversé.
(…)
Le terrible pour une femme de cette qualité c’est d’être une femme, c’est-à-dire une chose agréable à prendre, sans se soucier des souffrances. Qui croit encore aux souffrances ?
(…)
Il y a tant de générosité dans cette voix qu’elle peut aller jusqu’à supposer de l’âme à ce qui n’est qu’une redingote bien coupée et des bottes vernies à froid. Ce que cette femme a de meilleur, il ne le verra que comme un ennui de salon. Cela empêchera les roueries, il s’en moquera. Il essaiera de le détruire. Ce qu’il y a de brûlant et de franc dans son expression, il lui dira tout de suite : Ma chère, soyez moins naturelle, on voit tout ce que vous pensez. Ne vous abandonnez pas à votre cœur, vous allez passer pur une petite paysanne. D’ailleurs tout cela est inutile. N’oubliez pas que nous avons fait des progrès depuis dix-neuf siècles et qu’il y a des turbines à vapeur.
Si cet imbécile est intelligent, comme c’est souvent le cas à notre époque, il la persuadera. Elle perdra sa qualité rare.
(…)
Quelle proie facile a dû être cette femme ; et comme on a dû pouvoir facilement la rendre malheureuse.
(…)
si j’avais autant d’âme qu’elle, je me ferais passer pour misanthrope, ce serait la seule façon de me sauver : avec un peu de modestie et une solide réputation de mauvais coucheur je pourrais encore vivre. Mais je suis un homme ; une femme n’a pas de semblables ressources : elle est obligée à chaque instant de présenter hardiment toute sa faiblesse et il n’y a pas moyen d’empêcher les sots d’avoir envie de la prendre et de l’attaquer.
Et il est parfois impossible de se défendre, même impossible de désirer se défendre à cause d’un parfum d’aubépine ou parce que le vent est tiède, ou parce que les dieux peuvent tout fatiguer.
(...)
N'avez-vous jamais eu envie d'une endroit qui échappe aux puissances du monde ? >>>