Lever à 06 h du matin. Nous avons rendez-vous, ma sœur et moi qui l'accompagne car elle ne peut se déplacer seule du fait de sa maladie à 09 h tapantes à l'Hôpital de la Conception à Marseille. Il faut faire la route aux "heures de pointe" en plein Marseille... Et comme nous nous trouvons à 45 bornes, nous nous y prenons à l'avance. Il s'agit de consulter pour un compte rendu de biopsie.
Suite à une investigation sous anesthésie et hospitalisation de deux jours s'étant tenues les 6 et 7 octobre, le rendez-vous pour compte rendu et dispositions à prendre est programmé, le jour-même : ce sera le 25 novembre, soit un mois et vingt jours après. Jusque-là rien d'inquiétant.
Vers le 15 novembre, on appelle la patiente pour reculer d'un jour le rdv. Qui sera donc le lendemain 26 novembre dans l'hosto qui la suit depuis un an. Dix minutes après, son interlocutrice la rapelle d'une voix aussi stressée qu'épouvantée :
- s'il vous plaît, rapellez moi ce que je viens de vous dire ?...
Roule que tu roules ma poule, nous arrivons 10 mn en avance non sans avoir essuyé embouteillages et cherchage de parking : heureusement le Dieu du groupe Vinci - qui fait tout bien comme il faut - s'est acquis de grands espaces à 2 ou 3 euros de lemètre carré/heure et c'est lui qui vous taxe : vous rançonne...
Ouf ! Nous sommes à l'heure pour le verdict ! Marche que tu marches entre le parking et le "machin" pour te retrouver là où tu étais allé un mois et demi avant...
Les gens qui n'ont pas affaire aux hôpitaux l'ignorent peut-être, mais il faut se faire enregistrer. Nous, nous le savons et faisons tout bien tout en règle. Pas seulement pour une "entrée" mais aussi pour toute consultation. Jusque-là rien d'anormal.
Mais les guichets d'enregistrement sont soit au premier étage, soit au second, soit au rdc mais jamais à proximité du service qui vous attend au 12e étage...
Jusque là rien de très grave mais...
Arrivées dans le grand hall de La Conception dont nous avons l'habitude, voilà qu'on nous dit :
LE SERVICE A DEMENAGE (dé-mé-na-gé !) le 20 novembre ! Il vous faut repartir à la Timone (un autre grand établissement)...
Il s'avère, alors que vous n'en croyez pas vos orifices, que le service a déménagé 5 jours avant... sans vous prévenir !!!
SANS VOUS PREVENIR !!!
C'est alors que le patient et vous-même, vous vous mettez très en colère méchant et sortez de vos gonds. Confusion des sous fifres à guichet et appel au secours vers la patronne...
On appelle donc la chef qui descend. De son piédestal. Pour vous dire que, probablement, comme vous êtes malades (isn'it ?) vous avez peut être pas capté l'information !!!
On s'énerve. On s'engueule. On est sur le point d'en venir aux poings...
C'était pourtant vrai même si, au début, vous n'en croyiez rien : tout un service avait plié bagage vers une autre hosto et sans vous prévenir !!!
20 minutes plus tard, vous êtes reparties à pied en vous en remettant à Vinci parking. Encore un quart d'heure de marche pour atteindre l'autre hosto où - cerise sur le gâteau - vous allez devoir patienter infiniment. Non sans avoir tiré un n° de file à la soviétique des années 60, comme il y en a tant partout ici aujourd'hui - pour vous faire enregistrer.
C'est alors que l'affaire se corse : Vous avez tiré le ticket numéroté 317. Mais celui en train de "passer" est le numéro 273 ! Il y a donc 44 personnes avant vous et il est 09 h 25 ! Le rdv initial était à 09 h 00...
J'ordonne alors à ma patiente, hagarde, de monter derechef au 12e étage où on l'attend tandis que moi, munie de ses identités et identifiants tout en règle bien propre, je ferais la queue devant 3 uniques et misérables guichets d'enregistrement. Pour environs 150 personnes pressées qui retardent le boulot des toubibs qui n'y peuvent mais... Les sols sont neufs, en marbre, les lampions ultra modernes-"design" et il y a des boutiques : presse, romans de gare et jouets à la con...
Et les patients dédaignés (cf ma photo floue au smartphone du vieux monsieur ahuri sur un brancard qui poireauta plus d'une demi heure... Et des ambulanciers stressés et perdus : j'ai tout regardé et observé car j'en ai eu le "loisir" : y'en aurait pour 10 pages de petits détails finassiers...
"L'Humain d'abord" peut toujours se gratter les poils de cul sur ce truc là, pourtant essentiel !
Texto depuis le 12e étage (je suis au r-d-c) tandis que j'emboîte la terrifiante queue avec une abnégation forcée sur sièges de méchant métal, pour "faire les étiquettes" :
Ma sœur pleure. Á son âge, oui, elle pleure, seule dans un couloir désert :
-"Je ne suis pas la seule à n'avoir pas été avertie ! Il y en a plusieurs. Entre autres, des gens âgés, qui arrivaient du Var, partis depuis 5 h du mat' et qui sont eux aussi allés à la Conception !!! La fille qui s'est occupée de ça, la pôvre, peuchère, elle va morfler...
Á 10h 20 je finis par glisser à une personne encagée qui ne m'entends pas et que je n'entends par car protégée par des vitrages pare-balle avec hygiophone hygiéniquissime...
Que doivent penser (et surtout subir) les soignants soumis à une telle désorganisation ? Et quel stress pour des gens déjà malades ? Un hôpital en chantier, plein de gravats et de toiles plastoc pour dissimuler le "pas fini" jamais fini... Et toujours plus inadapté aux besoins et conforts !
J'ai erré en long en large et en travers dans cet hosto avec boutiques qui ressemble à un hall de gare : de ceux où des fadas aiment de temps à autre à poser des bombes qui tuent... J'y ai fait, pour tuer le temps (quatre heures !), quelques photos minables et apeurées avant d'être gendarmée par un vigile (noir de peau et qui heureusement s'en contrefiche) qui m'explicita que c'était interdit...
- "Vous savez, m'a-t-il dit pour justifier son existence et son interdiction, il y en a qui prennent des photos et les publient dans les journaux pour nuire à l'établissement !"
Me croirez-vous ou pas ? La malade que j'accompagnais est encore plus malade d'avoir dû subir tout cela.
Et moi, tandis que je faisais la queue durant une heure et demi et 40 avant moi pour des affaires de paperasse, je me suis lâchée auprès des nombreux autres infortunés, dérangés dans leur terrifiante résignation :
"Mais, bon Dieu ! où sommes nous donc tombés ??? ! On se croirait dans un hall de gare ! C'est là que les gens qui en ont marre ou les terroristes aveugles posent des bombes qui tuent des innocents pourtant !!! Eh bien c'est là que bientôt, il y aura des bombes ! Et moi je ne viendrai pas pleurer sur nous tous !!!" Merde alors !) ...que je leur au dit à ces deux dames (une de type petite bourgeoise gentille de 60 ans, l'autre maghrebine à foulard, la cinquantaine, et pas la langue dans ses baskets !) de part et d'autre de moi sur ces inconfortables sièges de métal.
Toute deux étaient, bien que très différentes, parfaitement révoltées. Mais lorsque je leur ai parlé de bombes à poser, elles se sont montrées gênées... Soit..