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Billet de blog 5 mai 2011

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Théâtre: reprise au Lucernaire de Dieu qu'ils étaient lourds (Céline tel qu'en lui-même...)

Alors, une fois encore, on attend un peu trop longtemps devant le bel escalier en vrille du théâtre du lucernaire fermé par un cordon, puis on monte, on monte, on essaye de ne pas faire de bruit en passant devant le théâtre rouge et on monte encore par le petit escalier minuscule qui mène au Paradis, on cherche fébrilement deux sous de monnaie pour l'ouvreuse et on prend place.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Alors, une fois encore, on attend un peu trop longtemps devant le bel escalier en vrille du théâtre du lucernaire fermé par un cordon, puis on monte, on monte, on essaye de ne pas faire de bruit en passant devant le théâtre rouge et on monte encore par le petit escalier minuscule qui mène au Paradis, on cherche fébrilement deux sous de monnaie pour l'ouvreuse et on prend place. La petite salle est comble, on y a même ajouté des bancs de côté puis des chaises et encore des chaises, on s'installe où on peut. Noir.

D'abord, une voix, une chanson, "Je te crèverai, charogne ! un vilain soir ! Je te ferai dans les mires deux grands trous noirs ! Ton âme de vache dans la trans'pe ! Prendra du champ ! Tu verras voir comment qu'l'on danse Au grand Cimetière des Bons-Enfants !" de et par Céline, qui reviendra en leit-motiv. Tout comme la phase de la sœur de Marat : "Ce sont là turpitudes humaines qu’un peu de sable efface”.

Ppuis des mains, un visage, et l'homme dans son fauteuil , le comédien Marc-Henri Lamande, qui pendant la durée du spectacle bouge à peine, les doigts surtout, le visage un peu, laissant la place à la voix, la sienne, et aux mots, ceux de Louis-Ferdinand Céline.

Accent parigot traînant sur les aaaa, des n'est-ce pas à répétition transformés en s'pas, il répond aux questions d'un journaliste (en alternance, Ludovic Longelin et Régis Bourgade) parce que si on veut vendre, il faut passer à la radio, ça fera plaisir à Gaston (Gallimard).« Alors voilà, je me trouve, à présent, à faire un « interviouve » dans un décor de chaise électrique…! Mais ça ne va pas me troubler du tout et je vais dire tout ce que j’pense et personne ne m’empêchera de parler… »

On ne l'empêche pas de parler. Au contraire. Les questions se succèdent , bonnes questions, pertinentes, réponses souvent inattendues, malines, cinglantes. Et on est pris, on l'écoute, parce que même si de bout en bout, au-delà du pathétique et de l'émotion, on sent que c'est un sale type, on ne saurait oublier que c'est un sale type, c'est qu'il cause bien le bougre. Dame! il ne se laisse pas démonter, il a encore du ressort, du mépris, de la rage, des choses à dire, pas de message, pas des idées surtout: "j'ai pas d'idées", la haine des idées, oui, ça oui. Mais il a la voix tranquille, même si parfois, il marmonne, comme pour lui-même.

On y est suspendus à cette voix, celle du comédien qui ne cherche pas à ressembler à celle de LFC, surtout pas, mais qui vous balance ça, quoi, de simples extraits d'émissions de radio de la fin des années 1950 (Conception/adaptation/mise en scène Ludovic Longelin) et quelques extraits des Entretiens avec le professeur Y, à vous spectateurs, pas au journaliste, là au fond, qui envoie les questions .

Et c'est imparable, impeccable, intelligent, époustouflant.

Photos: Copyright : Pierric Malstaff

Toutes les infos ici (ou en cliquant sur le titre du billet)

pour entendre Règlement en entier:

Règlement - Louis Ferdinand Céline

envoyé par alcyon12. - Regardez la dernière sélection musicale.

Il y a plusieurs versions (voir aussi sur youtube).

Et le blog Le Petit Célinien

Je recycle ce billet d'octobre 2010 à l'occasion de la reprise de Dieu qu'ils étaient lourds

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