A quoi reconnaît-on un (une?) clown? A priori à son maquillage, à son costume, à ses grimaces et éventuellement à sa façon de parler, non? Hélène Ventoura a choisi de minimiser ces présupposés.

Maquillage a minima: deux tâches rouges sur les joues, bouche un peu exagérée. Costume genre vieille fille: moche jupe turquoise, mini chapeau pointu assorti, et une chemise un peu trop collante et boutonnée jusqu'au menton,entre le beige et le gris. Grimaces? Non. Pas son genre non plus.Quant à la voix, elle en a plusieurs: surexcitée de petite fille, tranquille de narratrice, grossie exagérément, toussotteuse, étranglée, rieuse. Elle en change tout le temps.

Pour ce nouveau spectacle, elle a choisi de raconter à sa manière l'histoire de Cendrillon mais elle annonce la couleur:"je vais vous dire la vérité parce que je veux que l'on me croie, je vais aussi dire quelques mensonges, je vais aussi dire n'importe quoi...Parce que je veux que l'on me croie". A partir de là, les portes du délire sont ouvertes, parce que la vérité de base, c'est que Cendrillon veut trouver un homme avec qui partager sa vie, avec l'aide de sa marraine la Fée.
Les mensonges et les n'importe quoi vont alors se succéder au fil des rencontres les plus dingues, d'autant que Cendrillon va jusqu'au bout de ses expériences humaines et sexuelles (ce n'est pas du tout un conte pour enfants). Et sa voracité et sa curiosité d'exploratrice sont à la hauteur de cette ambition toute naturelle.

Bien sûr, les embûches se multiplient et elle risque sa vie à tout instant. Mais surtout celle des autres, on meurt beaucoup autour d'elle (ce qui n'est pas sans rappeler son précédent spectacle (Le Dernier Numéro). Et on meurt dans des conditions inattendues, atroces, bizarres, épouvantables, ridicules, grotesques, effarantes, et extrêmement divertissantes.
Car c'est un conte plein de bruit et de fureur mais raconté par un clown, un clown qui s'enchante de tout, des plaisirs et même des choses les plus effrayantes, un clown qui se débarrasse de ce qui ne lui plaît pas en esquivant d'un petit saut de coté, en sautillant,en virevoltant, en perdant le fil de son histoire pour mieux la récupérer. Il y a quelques longueurs mais ce clown là a un talent déconcertant et on reitent beaucoup de choses après en avoir ri comme il se doit.
Photos: Sylvain Granjon
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Précision utile, le spectacle se joue au Paradis du Lucernaire, attention, ça grimpe ferme, même si on y est récompensé.