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Billet de blog 6 février 2014

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Rabah Robert de Lazare au T2G (Gennevilliers)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

On avait laissé Lazare Au pied du mur sans porte à L'Echangeur de Bagnolet, le revoici au T2G avec Rabah Robert, dernier volet de la trilogie entamée avec Passé-je ne sais où, qui revient.

On aimerait bien la revoir en entier d'ailleurs la trilogie parce que le monde de Lazare nous fait glisser à travers les chaînons manquants, ceux qui sont peut-être au centre de la mer entre la France et l'Algérie. Dans lapremière pièce, Lazare parlait du massacre de Guelma en 1947 et de son grand-père assassiné, la deuxième parlait de la cité, de l'école, des dealers, cette fois, c'est autour du père disparu, Rabah Robert, que se déroule cet opéra-théâtre déjanté, qui porte en sous-titre, touche ailleurs que là où tu es né.

On retrouve Libellule et sa mère, Ouria, et on fait connaissance avec la soeur cadette, Ouistiti,  et la soeur ainée, Faïence. tous à la recherche du père disparu, mort. "Rabah est son nom et Robert est son surnom", Rabah en Algérie et Robert en France..

Cette fois, c'est un rêve ou un cauchemar et les visions, les rencontres, les voyages, les personnages  se succèdent à un ryhtme effréné, sans que l'auteur metteur en scène prenne le temps de s'y attarder.Mais attention,  comme le dit Ouria, la mère "Toutes les rêves que tu rêves , les rêves dans les rêves que je t'ai données, c'est des rêves vraies".

C'est une course folle, parfois embrouillée comme tout ce qui se passe à l'intérieur de la teête de Libellule. On y trouve en vrac, des clowns, des hiboux, un chien à sept chaînes, des chapeliers, une passeuse de valises, la Guerre ou encore  le Général Bugeaud et sa casquette en poil de chameau. Sans oublier le Ferrailleur, "Achab Machine pour l'Organisation", mais qui s'appelle Ahmed. "Les noms changés, c'est parfait. Sinon, je suis arrêté tous les jours." Et Rabah Robert, le père qui apparaît et disparaît.

On y danse, on y chante, on tourne, on court, on glisse, au bord du gouffre, la mort n'est jamais loin dans cette vie là.

Alors Ouria qui en a marre du carrelage trop blanc du nouvel HLM, de servir des cafés, de faire les ménages, Ouria fait son "émanslipation", parle de Pouchkine et se met à à peindre comme Van Gogh et les voilà partis pour Amsterdam.

Alors Faïence cherche un mari bien habillé, alors Ouistitti met le feu à la veste du père récupérée par Libellule, alors....Alors l'histoire de cette famille à la mémoire morcelée par l'Histoire explose en petits morceaux de vie et de mort, de récits et de rencontres, de hasard, de souffrance, de tendresse, de rêves sinon d'espoir.

Mais surtout il y a la langue, le texte et cette joie que l'on sent de la faire vivre cette langue française, quitte à  envoyer bouler les mots comme dans une folle partie de pétanque. Cette langue qui se parle et qui se chante, souvent.

Bien sûr, c'est un peu foutraque, bien sûr, on a parfois du mal à suivre, mais on est emporté par cette bousculade d'idées, de paroles, de poésie et n'est-ce pas ce qui compte le plus?

Photos Christian Berthelot

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A noter les soirées musicales  avec les comédiens et chanteurs du spectacle.

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