
Si on ne peut voir les deux, on préférera Nicomède parce que bien sûr, c'est plus drôle et ça finit bien, mais surtout parce que sans aucun doute, c'est une bien meilleure pièce. Mais si on a la chance de voir les deux, on pourra faire un certain nombre d'observations forcément passionnantes tant sur l'oeuvre de Corneille que sur les performances des comédiens et les liens tissés entre les deux spectacles par la metteuse en scène.

Le dossier pédagogique fournissant toutes les informations nécessaires sur Corneille, sa vie, son oeuvre, concentrons nous sur le spectacle. Comme on peut le voir sur les photos, costumes et décors sont contemporains, une fois encore, pas de perruques poudrées ou de décors XVIIe siècle (ou faussement romains).
Une immense table dans les deux cas rassemble tous les protagonistes et ce sont les comédiens qui font le ménage dans la pénombre, d'une scène à une autre, facilitant ainsi le passage rapide d'une scène à la suivante.
Nicomède par son intrigue (voir le dossier) permet de confronter des personnages grotesques ou ridicules (Arsinoé, le roi Prusias, l'ambassadeur de Rome) aux héros nobles et généreux (Nicomède, Laodice, et même le Prince). Et ce glissement permanent d'un comique outré à la beauté tragique est une des clés de la réussite de la mise en scène.

Ce n'est pas possible dans Surena, même si le roi là encore n'est pas vraiment à la hauteur de son statut , mais la tragédie pure et dure permet en particulier aux actrices de laisser éclater les émotions, bouleversant la salle. Ce qui n'enlève rien aux acteurs parfaitement justes eux aussi, dans l'une et l'autre.
Il faut rendre grâce aussi à Brigitte Jaque Wajeman qui n'a pas choisi la facilité en mettant en scène deux pièces qui ne sont pas les plus connues, même si cornéliennes en diable!
Photos: Mirco Cosimo Magliocca
Toutes les infos (et en particulier les dates de tournée) ici sur le dossier et ici.