"Les Stan" ont leur public, tous fans, tous accros, tous intrépides. Damiaan de Schrijver et Peter van den Eede dont le physique ne va pas sans évoquer Laurel et Hardy, reprennent le spectacle créé en 2005 d'après le film culte de louis Malle (1981) au titre éponyme.

Comme le dit ce titre, il s'agit d'un dîner filmé, une longue conversation entre deux artistes, Wallace Shawn (Wally), auteur dramatique fauché et son ex mentor, André Gregory, metteur en scène célèbre qui a disparu volontairement depuis plusieurs années. Ces retrouvailles un peu forcées _ le moins que l'on puisse dire, c'est que Wally traîne les pieds avant de se rendre au rendez vous dans un excellent restaurant new-yorkais _ sont donc reconstituées sur scène, cadre compris ou presque puisque la moitié du plateau est occupée par une cuisinière et un serveur qui préparent le repas qui sera englouti sur scène par les deux comédiens. Il est donc recommandé de manger et de boire avant car les effluves de cuisine planent en permanence sans la salle.
Autre caractéristique _ autre épreuve? _ du spectacle, si le film dure moins de deux heures, on est partis pour 3 heures et demie, sans entracte. On est donc bien loin de la simple reconstitution du film car on est une fois encore au coeur même du travail des deux artistes belges.
Mêlant à la fois les dialogues originaux (qui étaient dans le film, écrits et non improvisés, ne jamais se fier aux apparences), des improvisations suscitées par un mouvement dans la salle ou l'envie de déstabiliser le partenaire, les deux comédiens se lancent dans une joute oratoire qui va faire jubiler la salle presque du début à la fin. Il y a quelques coups de mou inévitables tant sur le plateau qu'au sein du public mais c'est bien naturel puisqu'il s'agit d'une sorte de marathon. Pour tout le monde, comédiens et spectateurs.
Et c'est de naturel qu'il s'agit. Comme toujours. La salle reste allumée ce qui permet donc , par exemple, à Damiaan de Schrivjer, qui ne fait pratiquement que manger pendant la plus grande partie de la pièce, de s'en plaindre directement auprès du public. Ne pouvant pas placer un mot tant son ami raconte avec fougue, ses exploits, ses aventures, ses rêves, ses voyages, ses succès, il ponctue le discours de grognements, apartés, grimaces, froncements de sourcils...Il se vengera, on s'en doute.
Et Peter van den Eede n'est pas en reste. Il se délecte lui-même de cette autosatisfaction et en rajoute, naïf ou diabolique. Car c'est là le jeu. Où est le personnage, où est le comédien, où est le clown, qui est qui ?
La connivence avec les spectateurs qui jouent leur rôle de spectateurs , de faire valoir même, est le socle de chaque spectacle de tg Stan.
Il faut une habileté diabolique pour que cela fonctionne au quart de tour, pour que jamais on ne se lasse même si on fatigue un peu, pour savoir en permanence qu'il s'agit de théâtre et uniquement de théâtre, le doute n'est jamais permis.
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