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Billet de blog 11 mars 2015

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Ceux qui restent, conception de David Lescot au théâtre de la ville

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Comme beaucoup de rescapés des camps de la mort, ils n'ont jamais parlé. Eux se sont échappés , enfants, du Ghetto de Varsovie. Lui, Pavel, Paul Felenbok n'avait que sept ans, elle, sa cousine, Wlodka Blit-Robertson, 12 ans.

Le metteur en scène David Lescot a recueilli leurs témoignages et dit-il s'est contenté de les retranscrire, de les retransmettre. Le dispositif scénique est tout simple, deux chaises, l'une derrière l'autre, un peu décalées. A tour de rôle, deux comédiens, Marie Desgranges et Antoine Mathieu, jouent celle/celui qui interroge et celui/celle qui répond. C'est tout. Lui porte des lunettes quand il incarne Paul, elle, un châle quand elle est Wlodka.

Cette simplicité de la scénographie fait par conséquent entièrement reposer sur le texte et le jeu des comédiens un spectacle qui tient  du document, du témoignage, et pourtant fait théâtre.

Que retient la mémoire au fil des ans? 

Les deux témoins restent dans la distance, ils ne se plaignent pas. ni de la faim, ni de la solitude, ni de la perte des parents, ni du manque d'affection. Ils témoignent.

Ils ne vont pas au-devant des questions, ils se contentent de répondre.

Ils font preuve de bonne volonté, n'éludent rien, mais parfois, simplement, ils ne savent pas.

 Ils ont été si longtemps habitués à se taire parce que comme pour tant d'autres, on ne les croyait pas, on ne les écoutait pas, que parler, raconter est devenu difficile, supportable mais difficile. Il a fallu briser l'armure de silence qui les a protégés si longtemps, cette carapace de temps. Mais comment auraient-ils pu oublier?

D'ailleurs la tension vient plus souvent de celui ou de celle qui questionne que de celle ou celui qui répond. 

Ce sont les souvenirs  de deux personnes adultes qui parlent de deux enfants qui ont perdu très tôt ce qui fait normalement les souvenirs d'enfance, l'insouciance, les jeux, la gaîté, l'amour familial.

 Deux enfants qui ne pouvaient plus sortir jouer dans la cour, ni faire le moindre bruit, ni se montrer aux fenêtres, ni aller à l'école. Deux enfants séparés de leur famille, de leurs amis, du monde. Deux enfants tellement habitués à la peur qu'ils n'en parlent presque pas.

Deux enfants hébergés contre de l'argent ou  cachés par des militants, habitués aussi à ne pas être considérés comme des enfants, habitués à être différents.

Deux enfants qui pourtant se sont reconstruits dans l'Europe de l'après-guerre, qui ont retrouvé l'une son père, à Londres, et sa soeur jumelle dont elle avait été séparée; et l'autre, son frère plus âgé qui a veillé sur lui, de loin, mais tant qu'il le pouvait.

Photos Christophe Raynaud de Lage

Jusqu'au 21 mars au Café des Oeillets du Théâtre e la ville puis du 20 au 30 mai.

Les 9, 10 et 11 avril au CDR de Saint-Denis de la Réunion

Les 28,29 et 30 avril aux Théâtres de Guérande, Pont-de-Scorff, Cholet

Les 5 et 6 mais au théâtre de Caen

Le 12 mai au théâtre de Chelles

Du 2 au 6 juin à La Filature, SN de Mulhouse

Toutes les infos ici

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