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Billet de blog 15 septembre 2012

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Antigone de Jean Anouilh au Vieux-Colombier

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On avait un peu l'impression que le théâtre d'Anouilh était tombé dans l'oubli. Et pourtant, ce fut un auteur prolixe (deux volumes de La Pléiade) et beaucoup joué, il n'y a pas si longtemps.... Cette arrivée d'Antigone au Vieux-Colombier devrait lui redonner un sacré coup de  projecteur.

On nous rappelle dans le programme  et dans le dossier de presse que Jean Anouilh a plusieurs fois refusé de voir ses oeuvres portées sur la scène du Théâtre Français. On nous rappelle aussi le contexte de la création d'Antigone, en 1944. Mais en voyant la pièce, une évidence s'impose, elle est parfaitement classique non seulement parce qu'elle respecte la sacro-sainte loi des trois unités (unité de lieu, unité de temps, unité d'action) ou par son thème,  mais elle est surtout classique d'emblée par sa langue, sa portée, son intelligence. 

Grâces en soient rendues d'abord à Marc Pacquien, pour l'avoir montée, bien sûr, mais surtout  pour sa fidélité au texte, sa simplicité, sa fougue. Les comédiens y sont tous parfait, ce qui va avec.

Antigone, ce texte moderne, est avant tout l'histoire de deux affrontements, celui d'Antigone_  fille d'Oedipe et de Jocaste , mais aussi...petite-fille de Jocaste _ et de son oncle, Créon, frère de Jocaste, devenu roi de Thèbes à la suite des morts violentes des autres prétendants, et en particulier d'Etéocle et Polynice, les frères ennemis d'Antigone qui se sont entretués. 

Créon (Bruno Raffaelli), pour des raisons politiques pas très claires, a décidé de donner à Etéocle des funérailles nationales et de laisser sans sépulture la dépouille de Polynice. Il est le roi, sa décision est  irrévocable et rien ne le pourra fléchir. 

Mais Antigone(Françoise Gillard) pour laquelle, il éprouve une grande affection, Antigone, qui doit épouser son fils, Hémon, Antigone donc,  ne peut admettre que le corps  de son frère soit laissée aux vautours, quitte à encourir la sanction de mort édictée par le roi. Ce n'est pas seulement l'héroïne contre le tyran. Ce sont deux entêtements qui s'opposent, deux tempéraments. Le prétexte, le fait qu'elle veuille ensevelir le corps de Polynice, est vite oublié. Ce sont deux personnes qui s’affrontent  Deux personnes qui incarnent la légende et ses personnages. L'une est minuscule, "un moineau", l'autre est un colosse. C'est aussi le combat de la vieillesse et de la jeunesse,  d'un vieil homme désabusé et d'une jeune fille entière. Le combat de la vie et de la mort. 

Créon  va tout essayer pour la décourager, pour qu'elle cède, pour qu'elle épousé Hémon et lui fasse "un bon gros garçon". Il n'en démordra pas, quitte à employer la force, la ruse, la tendresse, il veut qu'elle se plie à son autorité et elle ne le peut pas.Pourtant, il a raison quand il la traite de gamine mal élevée et prétentieuse. Un garçon manqué qui n'en fait qu'à sa tête. Une gosse de riches. Il a raison mais cela n'a pas d'importance;  il n'a aucune prise sur elle.  Elle le pousse à bout tant elle lui résiste et elle en mourra et lui paiera le prix du sang.

On le sait depuis le début, le choeur (Clotilde de Bayser) qui passe de l'incantation à la distance,  maniant la décontraction et l'humour jusqu'à la fin., nous en a averti en prologue, cela finira mal, c'est une tragédie.

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