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Billet de blog 15 décembre 2012

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Tout un homme de Jean-Paul Wenzel, retour en Lorraine, chez les mineurs

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Vu aux Amandiers, à nanterre, le spectacle a déjà beaucoup tourné, on espère que cela va continuer....

Une trentaine d'années après Loin d'Hagondange  (éd. Solitaires intempestifs), Jean-Paul Wenzel est retourné en Lorraine, en résidence d'écriture à Forbach. De rencontres avec des mineurs algériens et marocains et des entretiens menés en Lorraine par  Tamara Pascutto et Alexia Serré (sous la direction de Piero Galloro de l’Université de Metz), il a tiré un livre, un "récit-fiction" intitulé  Tout un homme  (éditions Autrement, collection "Littératures").

Le titre vient d'une citation de Jean-Paul Sartre : "« Si je range l’impossible salut au rang des accessoires, que reste-t-il ? Tout un homme, fait de tous les hommes, et qui les vaut tous, et que vaut n’importe qui. »

Et de ce livre, il a tiré avec Arlette Namiand,  ce spectacle en deux parties:  la première est l'histoire d'un Algérien, Ahmed, né en France mais qui a passé son enfance en Algérie et qui à 16 ans, en 1963,  est revenu, d'abord à Paris, puis en Lorraine où il est devenu mineur; la deuxième se concentre autour de deux Marocains, Saïd et Omar, deux copains d'enfance, arrivés en France en 1973 à 18 et 19 ans, après avoir été "sélectionnés" pour un départ vers l'eldorado des houillères. Et autour d'eux, tout un petit monde d'amis, de parents et bien sûr, les musiciens (Hassan Abd Alrahman et Jean-Pierre Rudolphh).

C'est de l'excellent théâtre documentaire, sans romantisme, sans apitoiement, du rude et du vrai, mené avec beaucoup d'énergie par une équipe de comédiens et de musiciens. Ces immigrés maghrébins, magnifiques et dignes, font penser  bien sûr aux autres travailleurs de Lorraine immigrés ou pas, d'il y a déjà longtemps ou d'aujourd'hui,  même amour d'un boulot qui nous paraît effroyable, même sens de l'amitié et de la solidarité.

A travers l'épopée de  ces trois personnages et d'autres, les épouses, les mères, les oncles, les amis, ils racontent leurs déboires, leur peur, leur bonheur aussi.

Ahmed (Hammou Graïa) est sans doute le plus touchant mais non sans humour. Une longue vie que la sienne, du gamin au jeune homme qui mène presque la grande vie en région parisienne puis fait un mariage arrangé qui devient presque aussitôt une histoire d'amour. Amour qui le mènera en Lorraine, loin de ses rêves, mais où devenu vieux, il est bien.

Le plus frappant en ce qui concerne Saïd et Omar (David Geselson et Hovnatan Avékidian), c'est sans doute le début de leur aventure quand ils entendent parler d'une nouvelle incroyable "44 francs par jour, logement gratuit, la France recrute"

Comme des milliers d'autres, ils vont alors se rendre à Ouarzazate où ils vont attendre en file indienne qu'on leur appose sur le torse un tampon rouge (refoulé) ou un tampon vert (accepté), puis attendre de nouveau pendant des mois, la visite médicale qui finira de décider de leur sort.

Deux jeunes femmes, Fadila Belkebla et Mounya Boudiaf, donnent aussi leur vision de ce monde qui les a accueillies tant bien que mal mais plutôt bien que mal. Epouse apeurée n'osant pas sortir de chez elle, ne parlant pas un mot de français, copines inséparables, mère inquiète, amoureuses sages, militante syndicale, elles sont toujours présentes, indispensables même si elles restent en arrière-plan.

Photos Eric Didym

Toutes les infos ici  et ici (autres vidéos sur le site de la compagnie)

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