D'abord, il y a l'auteur. Un homme qui chaque matin s'assoit à la même terrasse de café pour écrire.Ensuite, il y a une jeune femme rousse qui s'installe aussi chaque matin pour boire son café à la même terrasse. Elle, n'écrit pas, elle lit.
Elle s'appelle Clara et est serveuse, dans deux restaurants, l'un à midi, l'autre le soir. Elle vit dans une chambre de vingt-sept mètres cube mais elle ne dit pas où. L'auteur et elle, quand ils ne discutent pas à leur terrasse de café ne communiquent que par cartes postales qui leur permettent de se donner rendez-vous, Des rendez-vous qui les emmènent ailleurs et même jusqu'à Venise, le temps des quatre saisons.
Et elle chante. Inopinément, elle chante. Est-ce Clara qui chante ou son interprète (Elise Chauvin)
Parce que ça se déglingue, bien sûr.
Parce que l'auteur qui n'est pas l'auteur mais un personnage joué par un comédien (Jean-Christophe Marti) qui est aussi musicien et joue du "piano non pareil", écrit un opéra.
Il s'inspire de L'Histoire de ma vie de Jacques Casanova de Seingalt qui raconte dans ce livre sa rencontre brève mais inoubliable avec Henriette, son plus grand amour. Une femme de grande famille, rencontrée à Césène, alors qu'elle venait de s'enfuir d'Aix pour fuir sa famille, déguisée en militaire.
Et qui ne s'appelait pas Henriette. On ne sait pas grand chose d'elle et même les Casanoviens s'interrogent.
Casanova lui-même, joué par l'auteur, le vrai (Stéphane Olry), vient discuter parfois à cette terrasse de café avec l'auteur, le musicien, l'auteur de l'opéra, le comédien, le personnage. Cela peut paraître un peu compliqué mais il n'en est rien . Et on ne risque pas de les confondre car Casanova est en peignoir d'intérieur comme il se doit. Et il porte des bagues gigantesques. Et une toque.
D'autres personnages interviennent. Henriette (Corine Miret) bien sûr mais aussi des figures masquées, figures de rêve ou de cauchemar, qui dansent, virevoltent, tantôt mutines, tantôt effrayantes, tantôt amusantes.Des masques qui surgissent, se mêlent aux personnages, se déguisent presque à vue et disparaissent comme ils sont venus.
Et il y en a d'autres encore (Frédéric Baron): une dame de compagnie d'Henriette, une serveuse du café du genre bougon, Monsieur d'Antoine, sinistre personnage et même un récitant qui lit le journal de l'auteur qui au fur et à mesure y consacre plus de temps qu'à son opéra . Mais peut-être s'agit-il de la même chose?
Car l''auteur, le vrai, enfin, le vrai de vrai, précise qu'il s'agit d'une fantasmagorie, une histoire de fantômes et d'opéra.
Un air de folie tranquille s'est emparé du plateau et de la salle qui sourit, s'amuse, se laisse emporter par cet imaginaire non pareil, s'étonne ou ne s'étonne plus de rien.
Photos: Alain Richard (en haut) et Hervé Bellamy pour les deux autres.
Jusqu'au 21 octobre. Puis les 2 et 3 avril au Centre culturel André-Malraux, Scéne Nationale de Vandoeuvre les Nancy (54) et au Théâtre de l'Aquarium du 7 au 19 avril 2015.
Toutes les infos ici et sur le site de la compagnie (avec en "bonus" le texte de Casanova)