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Billet de blog 17 janvier 2014

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Le canard Sauvage d'Henrik Ibsen, mise en scène de Stéphane Braunschweig au théâtre de la Colline

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Stéphane Brauschweig réussit à parsemer de sourires ce Canard Sauvage si noir, si accablant, ce qui n'a l'air de rien et est pourtant tout à fait remarquable. Il fallait pour cela une mise en scène discrète, sans effets, sans violence et des comédiens parfaitement inscrits dans leurs rôles pour conduire cette histoire sans merci vers sa fin tragique et sans rédemption.

Exilé dans le Nord, depuis 15 ans, Gregers revient le temps d'un dîner dans la maison de son père, Werle, et y revoit son meilleur ami, Hjalmar, perdu de vue depuis son départ. 

Hjalmar qui se dit heureux en famille même si son père, le lieutenant Ekdal,  l'ancien associé du père de Geigers qui vit avec eux depuis sa sortie de prison est devenu une sorte d'ermité fou. 

Le vieil Ekdal ne sort jamais de la maison. Mais il se rend régulièrement au grenier où vivent pêle mêle des poules, des lapins et un canard sauvage qui a littéralement du plomb dans l'aile mais a survécu et s'est presque domestiqué.

 La scénographie, froide mais lumineuse, a fait de ce grenier, une forêt de sapins sombres. Une présence lourde et étouffante en opposition à l'intérieur de la maison, sobre et presque vide.

Si Ekdal a été condamné pour escroquerie pour avoir vendu des forêts de l'Etat, Gegers est persuadé qu c'est Werle, le coupable. Ce père dont la présence énorme est symbolisée par son apparition en vidéo, immense, face au fils qui le hait pour son attitude vis-à-vis de la mère, morte depuis longtemps, mais qui n' jamais eu le courage de l'affronter vraiment et a préféré l'exil.

Au cours de la discussion avec Hjalmar , il se rend compte que son ami vit grâce à l'argent de Werle et que son épouse, Gina, ancienne domestique de la maison, a probablement été la maîtresse de son patron.. 

Sans attendre d'y être invité, il se précipite le soir même chez Hjalmar pour lui révéler la vérité au nom de la transparence, persuadé qu'un mariage ne peut reposer sur un mensonge et  des compromis.

Celle qui va se prendre de plein fouet ces révélations, ce sera leur fille adolescente, Hedwig...

Alors, oui, on sourit mais pas vraiment gaiment en suivant, Gregers, si férocement en quête d'idéal et de vérité qu'il  n'hésite pas à entraîner ceux qui l'entourent dans cette spirale irrépressible vers l'abîme. Surtout lorsqu'il s'affronte au médecin, Relling, si terrien, si attaché lui aux "mensonges vitaux".  C'est si fragile, la vie, si éphémère, qu'il faudrait pourtant marcher sur le fil sur la pointe des pieds.

Photos Elisabeth Carecchio

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