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Billet de blog 17 mars 2012

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La Mort de Danton mes Georges Lavauidant à a MC 93 de Bobigny

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Il y a dix ans, Georges Lavaudant, alors directeur de L' Odéon,  mettait en scène La Mort de Danton, juste avant les travaux qui allaient transformer son théâtre.  C'est ce même spectacle qu'il reprend dix ans plus tard avec pratiquement la même distribution. Il  s'en explique ici et ci-dessous:

Interview Georges Lavaudant - présentation de... par MC93Bobigny

Alors, oui ce sont des fantômes mais des fantômes si forts, si présents  que l'on va les écouter avec une attention, une concentration telles  qu'on en sort fourbu. Bien sûr, on connaît un peu, l'histoire de La Révolution Française, ses excès sanguinaires et tragiques, son amour du discours et de la réflexion  politiques, et même s'il a fallu du temps, encore du temps, beaucoup de temps et d'autres révolutions, d'autre sang, d'autres larmes, on en retient encore son aspect fondateur.

Bien sûr, Danton va mourir. Il le sait. Dès les premiers mots qu'il prononce alors que pourtant, il compte fleurette, il mêle l'amour à la mort. Il en a peur, bien sûr, mais en même temps, il l'attend. Il envoie promener ses amis qui le supplient de faire attention, voire de partir, mais il reste. Pourquoi? Parce qu'il se sent coupable des massacres de septembre, parce qu'il est las, parce qu'il en a trop vu, trop fait, trop pensé. Parce qu'il doute, parce qu'il ne croit plus, ni en lui-même, ni en Dieu, ni à l'Histoire. Ce n'est pas seulement la mort de Danton mais Danton et la mort.

Mais il vit encore. Avec force, avec une immense  énergie du corps et de l'âme, avec la puissance de son corps et de ses mots. Le voilà donc, ironique et jouisseur, qui sait encore faire rire, qui sait encore philosopher au milieu des fantômes, face à ses détracteurs et surtout  face à celui qui a encore des certitudes, Robespierre. Patrick Pineau lui donne sa voix, sa chair, son humanité avec une formidable intensité. Il n'est pas le seul, chaque comédienne, chaque  comédien apporte sa part de profondeur, ses angoisses, sa folie.

Les scènes se succèdent mêlées de sorte d'intermèdes amusants et musicaux,  c'est long (trois heures) mais cela va vite, on avance à grands pas vers l'oeil du cyclone. Le dernier acte donne à voir autre chose, la mélancolie qui empreint chacun des discoureurs, la poésie comme un dernier regard sur ce monde auxquels ils n'appartiennent déjà plus, une dernière adresse, un adieu et tous partent rejoindre l'armée des Ombres.

Et l'on s'étonne encore du génie de Büchner, ce tout jeune homme allemand, qui 50 ans plus tard se documente de façon si étonnante sur cette Révolution française, sur ces hommes, et qui en tire par l'écriture, une vision qui nous touche, nous, vieux routiers que nous sommes d'une République fatiguée.

Photos: Victor Tonnelli/ArtComArt

Toutes les infos ici

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