Cela n'aura échappé à personne, on "célèbre" le centenaire de la première guerre mondiale, celle de 14-18, la Grande Guerre, la der des der...

Denis Chabroullet et la troupe du Théâtre de la Mezzanine rendent hommage à leur manière à ces pauvres types qui se retrouvent dans l'enfer des tranchées.
Ils sont cinq à patauger dans leur trou boueux, alors qu'autour d'eux , ça pétarde, ça explose, ça brûle, ça s'écroule et bien sûr, ça meurt.
Un Allemand, un Écossais, un Français, un Italien et un Sénégalais. Rien ne les différencie ou presque. Un bout d'uniforme, un calot, des bandes molletières...
Ils ne parlent pas. Ce sont presque des marionnettes, des marionnettes encore vivantes. Ils s'agitent, ils rient, ils pleurent, ils crient, mais ils ne parlent pas. Ils font parfois de la musique ou ils chantent. Ou ils dansent.
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Leur paysage? le gourbi dont ils entrent et sortent, l'avion abattu juste au dessus de leurs têtes, les sacs de sable censés les protéger, les cadavres qui jonchent ce là-haut où ils vont bien devoir aller un jour pour sortir vers la vie ou la mort .
Parfois, ils ont juste le temps d' entendre des chants d'oiseaux ou de découvrir un bébé qui pleure au fond de son berceau et qu'ils arrivent à faire rire.
Parfois, ils trouent l'atmosphère grâce aux machines sublimes qu'ils ont inventées, celle qui farfouille les nuages, celle qui aspire le sol.
Ils chassent les bestioles qui viennent envahir leur trou, les rats, les poux. Ils capturent des pigeons pour leur tenir compagnie.
Et puis, il y a une femme, une Alsacienne à coiffe, plantureuse à souhaits. Est-elle aussi vivante qu'eux ou l'ont-ils inventée?

Elle partage ce quotidien, ils l'aiment tour à tour au point atroce de la violer ou de la regarder mourir.
C'est le bruit et la fureur. La mémoire des livres, Barbusse, Dorgelès, Genevoix et celle aussi que l'on s'est transmise de grand-pères, arrière grands-pères en générations et générations d'aujourd'hui. Cette saloperie de la guerre où les va-t-en guerre ont envoyé les autres, ceux qui n'y pouvaient rien et dont les cimetières et les monuments n'ont retenu que des noms.
On rit devant l'absurdité, on s'émerveille de tant d'inventivité, et puis on s'en va et l'on reste ébloui de lumières et de sons, d'images folles, cocasses, fantasques.
Spectacle vu à La Serre de Lieusaint.
Tournée: les 27 et 28 janvier à L'Avant-Scène de Colombes. Les 30 et 31 janvier à L'Onde de Vélizy Villacoublay. Du 25 février au 7 mars aux Célestins à Lyon.