
Voir des adultes bouche bée, saisis d'admiration, étouffant un cri de surprise ou d'effroi, riant de soulagement, cela fait un bien fou. Il manque le public scolaire ici comme ailleurs et on ne peut que souhaiter qu'enfants et adolescents viennent en famille.
Avec Il n'est pas encore minuit les vingt-deux acrobates de la compagnie XY ont créé un spectacle fascinant, né de la réflexion collective, du travail en commun, de propositions individuelles qui soustendent ce "tout". Et pendant l'heure que dure le spectacle, c'est ce collectif , cette solidarité entre les uns et les autres, cette confiance absolue des uns en les autres, qui touchent le public autant que la perfection des exercic

Hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, petits et grands, costauds et menus, ils sont aussi différents les uns des autres que nous dans le public. Même les costumes font d'eux des gens ordinaires, ils et elles nous ressemblent jusqu'au moment où ils s'envolent, tourbillonnent, se lâchent, se rattrapent...
Tout commence par une bagarre, bagarre de piste, bagarre de rue, avec un petit air de West Side Story. Les visages sont fermés, durs. Ils s'agressent, s'évitent, se courent après, tombent, se relèvent, chacun pour soi.
Et peu à peu, ils se trouvent, se retrouvent, s'appuient les uns sur les autres.
Quand ils s'envolent, on sait que la chute est inévitable et serait dramatique sans le soutien des autres et c'est ce qui leur permet de rebondit encore et encore et autrement
Sous le chapiteau de La Villette, ils envahissent l'espace de tous côtés, ailleurs il peut être aussi représenté en frontal, voire en extérieur. Mais l'espace est nu, sans décor, ni artifices. Juste des lumières et parfois du son.

Le nombre leur permet d'occuper l'espace soit de façon groupée, soit éparpillés à deux ou plus, au sol et en l'air . Ce phénomène de masse contraste avec la légèreté des mouvements, l'ivresse du libre comme l'air, faisant oublier l'effort et le danger, le travail, la précision.
Une fois encore, ils ont fait appel au danseur et chrorégraphe Loïc Touzé qui apporte sa vision du travail corporel et son sens de la rythmique. Là encore, rien n'est laissé au hasard, mais porté par la réflexion, l'intelligence.
Cette démonstration de la solidarité, de la pensée du collectif et du travail en commun prend forcément un sens encore plus profond aujourd'hui qui n'échappera à personne.
Photos: Christophe Raynaud de Lage
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