Harper Regan traverse sa crise de la quarantaine et se casse abandonnant un boulot nul, un patron odieux, une ado ado, et un mari chômeur et dépressif (on saura plus tard pourquoi) sans avertir personne. Comme des milliers de gens chaque année...Elle quitte donc Uxbridge, cette grande ville de banlieue londonienne près d'Heathrow, surnommée par dérision la Venise de Londres Ouest, en raison des multiples canaux qui la traversent. Une ville sans passé et sans âme où il est facile de se fondre (et on saura aussi plus tard pourquoi ils ont dû s'y installer).
Elle part pour Manchester, sa ville d'origine, pour revoir son père mourant et arrivera trop tard. Elle va errer sans but, sans désir, se laissant porter par des rencontres de hasard qu'elle accueille avec gentillesse, curiosité, sans crainte et même avec une sorte d'émerveillement. Elle croise ainsi un adolescent paumé et surtout un homme beaucoup plus âgé qu'elle, dragué sur Internet et ce sera la meilleure scène de la pièce. Au passage, elle a échappé de justesse au crétin de service, un affreux qui se fait passer pour un journaliste. Bon.
C'est assez charmant mais un peu languissant jusqu'au moment où Harper Regan va confronter sa mère qu'elle n'a pas vue depuis plusieurs années et lui dire enfin sa colère et sa haine, vomir le poids du dégoût qu'elle lui inspire. Quitte à apprendre que toute vérité révélée en fait surgir une autre.
Et et ce n'est pas une surprise, elle rentrera à la maison parce qu'on ne laisse pas tomber sa petite famille.
Simon Stephens, l'auteur britannique dont on avait pu voir Pornography à La Colline, il y a quelques semaines, est ici dans cet understatement qui différencie souvent le théâtre anglais, rien n'est démonstratif, appuyé, ni même suggéré. Tout passe par les conversations souvent hélas pas totalement audibles. Il ne faut rien voir d'autre que ce que l'on voit. La vérité est dans les sentiments, les émotions, pas dans les faits. On en ressort ni déçu, ni enthousiaste. Le plaisir vient des acteurs, Marina Foïs, impeccable (et qui ne quitte pas la scène pendant deux heures) et Gérard Desarthe dont la présence envahit le plateau avec une force impressionnante.
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