Mes premiers articles sur papier, publiés dans Les Fiches du Cinéma. Je recherche toujours d'autres opportunités pour tenter de vivre de mes articles.
Premier long-métrage de fiction pour Jean-Michel Fernandez et Sean Price Williams, Eyes Find Eyes est aussi le dernier bébé de Paulo Branco. Producteur légendaire lisboète et farouchement indépendant, Branco a une haute idée du cinéma, qui s'oppose à celle qu'impose l'industrie. Peu lui importe les difficultés financières, il se bat jusqu'au bout pour jusqu'au bout pour offrir une chance aux films qu'il soutient. Sous sa protection, les deux cinéastes nous proposent un cinéma héritier de celui de Cassavetes ou des premiers films de Godard.
Filmé en 16 mm et en HD, entre Paris et New-York, tourné à la fois en français et en anglais, le film tourne autour d'un expert en art qui tente de vendre l'Incrédulité de St Thomas du Caravage à un mafieux.
La figure du double hante le film, à la fois à travers la duplicité des personnages que par les moyens techniques utilisés par les réalisateurs. Ernst est à la fois expert reconnu et trafiquant d'art, fasciné autant par les tableaux de maîtres que par leurs copies. Double encore: dans une séquence très démonstrative on le voit faire l'amour à la fois avec sa compagne et avec une autre brune qui lui ressemble. On note aussi l'intéret des deux cinéastes pour les textures sous toutes leurs formes: Les trois amants s'unissent tout en peignant leurs corps. Comme un écho au travail des personnages sur la peinture, les cinéastes jouent sur les deux formats vidéos. Aux textures de l'image s'ajoute celle des corps filmés en gros plans.
S'il possède un vrai charme, Eyes Find Eyes ne convainc toutefois pas totalement, à cause d'un exces de symbolisme, qui alourdit péniblement le film.