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Co-créateur du site Cinematraque, a participé quelques temps à l'aventure de la 7e Obsession.

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Billet de blog 4 décembre 2010

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Les fils de l'homme

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Léger tremblement du paysage: Le film se situe en 2027 mais à voir ce qu'il se passe en Grèce, dans le sud de l'Italie, du fin fond du Mexique jusqu'à la frontière de l'Arizona en passant par le Moyen-Orient, autant dire que 2027, c’est aujourd’hui.


Avec Soleil Vert de Richard Fleischer, Children Of Men est l'un de ces films d'anticipation dont l'existence nous fait mal au bide. Le monde va mal, certes, mais nous n'avons encore rien vu. Ça rigole pas vraiment dans ce film où l'humanité est devenue stérile, où les pandémies mortelles sont devenues la norme et qui offre comme seul choix de vie de vivre en zone irradiée ou en zone massivement polluée. "The world is collapsed" et pour garder la situation en main, les gouvernements font la chasse aux étrangers illégaux et inondent le reste de la population d'images propagandistes fortement nationalistes (on nage en pleine science fiction!). Dans ces conditions la seule chose qui peut encore arriver c'est l'apparition d'un espoir. Bureaucrate apathique revenu des ses années de militance anti système,Théo Faron se retrouve face à cet espoir: Une réfugiée clandestine enceinte.


Slavoj Žižek, philosophe slovène, proche d'Alain Badiou, explique que le cinéma d'Alfonso Cuaron est une lutte du second plan face au premier plan. Suites de plans séquences techniquement impressionnants, Children of men offre au second plan autant de force voire plus qu'au premier plan. Bousculant les stars Clive Owen/Julianne Moore, les figurants ont leur mot à dire et ils ne s'en gênent pas. Aux têtes d'affiche de s'accommoder face à cette situation. A gérer l'espace, à se faire une place dans ce monde. La chose est réussie et rend encore plus explicite les propos du film. Dans les pires moments de l'Histoire il y a toujours de l'espoir, cet espoir peut naitre d'un évenement -Badiou, sort de ce corps!- (lafertilité/le tournage) mais cela ne suffit pas a changer la donne, à changer la situation il faut lutter pour qu'il puisse donner naissance à quelque chose (un film, un enfant/un nouveau monde) et il faut le proteger. L'aspect semi-documentaire du film, caméra portée et l'aspect lo-fi de l'univers des Fils de l'homme renvoie aux images télévisées d’aujourd’hui, l’on pense aux révoltes en Iran, à Gaza sous les bombes, à la zone verte de Bagdad, à la région Tchernobil, aux camps de concentration en ex yougoslavie, aux centres de rétentions en France. Le mouvement Fish, groupe de rebelles né pour cacher les clandestins, se transforme avec le temps en groupuscule révolutionnaire, avec tout ce que cela entraine de luttes d’égos et de violence. On pense à tout ces mouvements de libération nationale qui se sont transformés en groupuscules terroristes. Un terrorisme qui arrange forcement le pouvoir, là encore la Palestine rejoint l'Irlande de nord et le Pays Basque. Dans la Stratégie du Choc, Naomi Klein se demande si la gestion de la région Palestine par l’occident, ainsi que la zone verte en Irak ne serait finalement pas des laboratoires d'un monde a venir. Les fils de l’homme, c'est ce monde a venir.

Les choix esthétiques et politiques d'Alfonso Cuaron sont clairs et il n'est pas étonnant de retrouver Zizek et Naomi Klein dans le reflet du miroir qu'est Possibility Of Hope (documentaire d'Alfonso Cuaron - présent sur le Dvd- qui partant d'un même constat que le film, convoque philosophes, universitaires et journalistes pour montrer que l'espoir est entre nos mains. ) mais c'est aussi un film sur la difficulté de faire du cinéma, le combat du tournage. C'est un film de combat aux multiples facettes. Une oeuvre qui terrasse le spectateur et qui le fait réfléchir sur sa place en tant que spectateur face au cinéma etface au monde actuel. Si Jarvis Cocker conclu, au générique que les cons dirigeront toujours le monde, nous avons tous les éléments en main pour être convaincu du contraire.

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