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Billet de blog 11 avril 2011

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Jean-Paul Civeyrac

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Jean-Paul Civeyrac

Jean-Paul Civeyrac est né en 1964 à St Etienne, le jour de Noël. Il découvre le cinéma à 15 ans à travers les sorties familiales et l'écoute de musique de films. A peu près au même âge il se met à tourner des petits films et à lire les critiques de cinéma. Il découvre ensuite Ordet de Dreyer et les films de Murnau qui le marquent pour toujours. Il étudie la philosophie à Lyon et en sort avec une maîtrise sur le film d'opéra. Il est, enfin, reçu à la FEMIS où il fait la connaissance d'Yves Caumon (Cache-Cache), qui deviendra pour un temps son assistant, et de Laetitia Masson (A vendre).

Son film d'étude, La Vie selon Luc, sera sélectionné en 1991 au Festival de Cannes où il rencontre Philippe Martin (Les films Pelléas) qui devient son producteur. Il rend d'abord hommage aux films qu'il admire ( Les Quatre-Cents Coups de François Truffaut ou l'Argent de Robert Bresson), en faisant un portrait touchant d'un adolescent à la dérive dans Ni d'Eve ni d'Adam. Impressionné par l'image vidéo de La Rencontre d'Alain Cavalier, Jean-Paul Civeyrac va se tourner vers ce support. Une décision qui, en plus d'un intérêt économique évident, permet à Céline Bozon (chef opératrice fétiche du cinéaste) d'exploiter tous ses talents.

Ses premiers films sont emprunts de préoccupations sociales, ils dressent un portrait fataliste des milieux populaires. Elevé dans la musique classique, il confronte Bach aux banlieues aux cités HLM (Ni d'Eve ni d'Adam, La Vie selon Luc, Des filles en noir). Cette approche vient sans doute de son expérience philosophique marquée par les analyses de la lutte des classes de Karl Marx et du fatalisme des méditations de Pascal. Les compositions métaphysiques de Bach transcendent, en effet, la question sociale. Ses films sont des pièces de musique, ses acteurs jouent des partitions où l'on ne dénombre qu'un faible nombre de personnages. Loin de se comparer à un réalisateur, il parle de son métier en évoquant des musiciens ou des compositeurs. Ses films sont l'expression en image de son idéal de la musique de chambre qui verrait naitre, chez lui, une timide attirance pour la comédie musicale (Toutes ces belles promesses, A travers la forêt).

L'amour (de l'autre, de la vie), c'est l'enjeu essentiel de la musique et de la danse. C'est aussi celui du cinéma de Civeyrac. Passionné par la vie, il démontre que le sentiment amoureux est le meilleur moyen de vaincre la mort. Lui, qui pense l'image, filme la réalité des corps qui s'aiment : le père décédé de Marianne (Jeanne Balibar) dans Toutes ces belles promesses (Prix Jean-Vigo adapté de l'Hymnes à l'amour d'Anne Wiazemski) revivra à travers l'amour de sa fille et de sa maitresse (Bulle Ogier), dans Le doux amours des hommes, (librement adapté de Jean de Tinan) Jeanne, toxicomane, ne se sent vivre qu'à travers le désir de ses deux amoureux. Cette approche l'amène à filmer les corps nus qui fusionnent comme preuve concrète de la vie. Le corps amoureux, une fois fixé sur la pellicule, prend le dessus de façon définitive sur la mort.

Les histoires de Civeyrac confrontent la mort (accidents, maladies, suicides, overdoses) et l'amour (physique, souvenirs et rêveries). Cette lutte fait surgir, à l'écran, la figure du revenant. Depuis Les Solitaires en passant par A travers la forêt et bien sûr Fantômes (Grand Prix du Jury à Belfort en 2001), il approfondi cette figure du spectre. En apparence sociologiques, les films de Civeyrac font basculer le quotidien dans le fantastique à la manière d'un Kiyoshi Kurosawa. A la fin d'un cycle, il pense amorcer, aujourd'hui, après Des filles en noir, un nouveau virage dans sa carrière.

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