Comment monte-t-on un film en France aujourd'hui? Il est étonnant que des producteurs et le CNC aient pu soutenir le dossier d'un tel film. Erich Vogel livre ici un premier scénario qui semble ne pas avoir été relu, ou en tout cas pas retravaillé. Nous sommes en présence d'une avalanche de stéréotypes sans imagination: le méchant patron, la gentille fille à son papa, le frère rustre et viandard, le grand père paysan patriarche déifié et enfin le fiancé de la ville qui a du mal à se faire accepter.
L'idée du film, des sangliers mutants qui attaquent l'homme, est reprise à Razorback, série B australienne des années 80. Le contexte de l'histoire repose sur un imaginaire éculé du cinéma bis américain: l'avancée scientifique qui, une fois dans les mains d'industriels, tourne à la catastrophe écologique. C'est un poncif qui finit aujourd'hui par être traité par la parodie. Puisqu'il ne s'agissait d'en rire, ni pour le scénariste ni pour le réalisateur, il eut été préférable de soigner la réalisation afin de montrer la sincérité du projet.
Ce n'est malheureusement pas le cas. La direction d'acteurs conduit les interprètes à hurler pour manifester leur stress. La tension, de plus, est relayée par une musique trop appuyée qui finit par rendre le film pénible. Les scènes d'action ne rattrapent rien ; le montage les rend au contraire incompréhensibles. Au lieu de rattraper les faiblesses du scénario, Antoine Blossier les allourdit.
La fin peut déranger, la question écologique est balayée et le spectateur assiste, médusé, à un épilogue ambigu sur lequel il peut s'interroger : s'agit-il de montrer le cynisme des personnages ou de présenter un plaidoyer pour une justice expéditive et meurtrière?