Two Gates Of Sleep

Coup d'essai, Two Gates Of Sleep propose un voyage initiatique où les grands espaces marecageux de la Louisane noient le spectateur dans l'espace mental de deux rednecks refusant tout confrontation avec la société. On ne rentre pas facilement dans les mangroves et encore moins dans l'œuvre d'Alistair Banks Griffin qui nous offre, ici, une étonnante vision Tarkovksienne des USA. Rien ne nous raccroche à la cartographie du cinéma américain, un veritable no man's land où vivent une mère catatonique, et ses deux fils. En toile de fond de ces paysages c'est Stalker qui est convoqué. Loin d'être une pâle copie de son illustre modele, Two Gates Of Sleep s'inscrit dans une culture quasi chamanique de cette partie des Etats-Unis. La terre, dicte aux hommes la façon dont ils doivent vivrent et reproduire les rites ancestraux. Les lois, dit l'un des fils au médecin qui souhaite que l'inhumation se déroule selon les principes dictés par la justice, ne s'appliquent pas ici: Louisiane terre des songes et des esprits. Un monde révélé par l'utilisation hypnotique des travelings latéraux, à la manière d'un Tsai Ming Liang, par un montage privilégiant les images parasites et un univers sonore expressionniste. Le tout mis en lumière par Jody Lee Lipes, confirmant la volonté chez Borderline films de se créer une identité visuelle propre. Lipes est en effet au générique des deux autres films de cette société (Afterschool et Martha Marcy May Marlene). Certe sous influence, Two Gates of Sleep est tout de même l'oeuvre d'un formidable cinéaste.