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Co-créateur du site Cinematraque, a participé quelques temps à l'aventure de la 7e Obsession.

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Billet de blog 21 mars 2012

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EVA

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le premier film de Kike Maillo est un film rare. Comme avant lui, Soleil Vert, Abattoir 5 et Les fils de l'homme, Eva fait parti de ces films qui arrivent à s'imposer comme des classiques instantanés. Comme eux, Eva refuse la surenchère tape à l'oeil et préfère approfondir la richesse des thématiques qui composent l'histoire. Difficile ici de toutes les aborder. Si l'on doit se limiter à l'une d'elles, évoquons les passions et l'éclosion des sentiments. On est ici dans une variation en musique de chambre de l'univers spielbergien des relations familiales difficiles qui prennent l'enfance en otage.

Bien qu'Intelligence Artificielle est une référence avouée du réalisateur, Kike Maillo pose les questions différemment. Plus pessimiste que Spielberg, on sent que pour le réalisateur espagnol, l'intelligence artificielle est une utopie qui est vouée à l'échec. C'est pourquoi les robots omniprésent ne sont pourtant pas le centre du film. Eva n'est pas un film d'anticipation de robots, mais un mélodrame avec des robots. Le triangle amoureux qui se développe et l'arrivée dans l'histoire d'Eva font des robots de simples amplificateurs de la complexité des sentiments humains. Avant de se lancer dans une entreprise aussi folle que la fabrication d'une intelligence artificielle, il faut déjà comprendre comment nous fonctionnons. L'art autant que la science est un moyen d'y parvenir. Le cinéaste montre que l'humain est la machine la plus complexe qui soit et que ce n'est déjà pas une mince affaire de vivre avec.

Si la romance qui se noue entre les adultes, bien que complexe, nous est familière, Kike Maillo approfondi l'idée cartésienne grâce aux liens qui se développe entre David et la petite fille. Alors qu'il avait quitté l'Espagne, 10 ans auparavant, laissant un projet de petit garçon robot en plan, David reprend goût à l'aventure et décide de trouver l'enfant qui donnera son âme a la robotique. Ce n'est pas un petit garçon qui va éveiller chez lui la passion créatrice, mais une jeune fille de 10 ans. Claudia Vega, incroyable actrice que cette petite brindille plein de malice. Bien partie pour être une enfant star, elle y déploie une palette d'émotions bluffantes. On se surprend, très vite, à comprendre la fascination du scienfitique face à la grâce et l'aplomb de la gamine. Un trouble qui est loin de s'en aller lorsqu'on apprend, en même temps que David, qu'Eva est la fille de Lana avec qui il avait eu une liaison avant son départ. Qui est le père de la gamine, David ou son frère? On le découvrira progressivement.

Eva est une belle façon d'illustrer la passion amoureuse, l'amour parental, la jalousie ou la découverte du pouvoir de la séduction chez les enfants. De multiple sources sentimentales, souvent complexes, où se nichent autant la douceur que la violence. Et ce n'est qu'en réussissant à contrôler ces foyers affectifs que l'on réussira à créer une parfaite intelligence artificielle, c'est à dire non-humaine. Cette perspective ouvre des reflexions philosophiques à la fois passionnantes, qu'effrayantes. Kike Maillo refuse, avec raison, de donner une réponse à ces reflexions et préfère offrir au spectateur une heure et demie de grâce et de poésie qui se finit dans un final bouleversant. Une perle rare, donc, la naissance d'une actrice et un cinéaste à suivre.  

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