Co-créateur du site Cinematraque, a participé quelques temps à l'aventure de la 7e Obsession.
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La mort de Butch Cassidy, mythique bandit, est toujours aujourd’hui entourée de mystères. Une seule chose est sûr, les corps retrouvés près de San Vincente ne sont pas ceux de Butch et de son ami le Kid. Mateo Gil, scénariste d’Amenabar (Ouvre les Yeux) réalise ici son deuxième long-métrage. Puisqu’on ne sait rien des dernières années de Cassidy, il nous livre sa version: Une vision romantique, à rebours d’un très actuel cynisme. Des montagnes boliviennes au désert de sel, les paysages sont magnifiés par les cadrages. L’amitié y est la plus noble des preuves d’amour. Certain fustigerons sa naïveté face à la réalité historique, plus ambiguë, alors qu’il faut y voir le symbole d’un monde réellement renversé. Comme le John Dillinger de Michael Mann, Butch Cassidy est ici un gangster qui n’a plus sa place dans un système devenu criminel de façon structurelle. Ain’t no grave chanté par Sam Shepard prend tout son sens car, plus que Butch Cassidy, c’est surtout un corps fantomatique sans sépulture qui erre dans un paradis menacé: la Bolivie. Pour Mateo Gil qui évite ici le cliché crépusculaire, l’espoir vient de la terre et de ceux qui travaillent celle-ci. Un western très actuel dans un des pays qui tente depuis quelques années de proposer une alternative au hold-up généralisé des classes populaires par des oligarques aussi séduisant qu’Edouardo Noriega. Blackthorn reprend la maxime fordienne “quand la légende dépasse la réalité, imprimons la légende” avec un léger accent révolutionnaire qui s’était perdu depuis les westerns italiens des années 70.
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