Confinement - Il est le plus souvent suivi du qualificatif « indispensable » quand il est décrété et « inéluctable » quand il est sur le point de l’être. Nul besoin d'évaluer son efficacité car si le « Conseil de Défense » (voir infra) l’a décidé, c’est qu’il est efficace. Par définition. Le « confinement » est suivi d’un « déconfinement », qui n’est pas la fin du « confinement », mais sa continuation par d’autres moyens (voir « couvre-feu »). A noter qu'après un « déconfinement », on ne peut jamais exclure un « reconfinement ».
Conseil de Défense – C’est l’instance dans laquelle le président de la République, entouré de quelques ministres qu’il a choisis, décide de tout. A raison d’un par semaine en moyenne, les médias alternent entre les commentaires sur les décisions prises (ou pas) dans le dernier « Conseil de Défense » et les conjectures sur celles susceptibles d’être prises (ou pas) dans le prochain.
Contrôles - Lorsqu'une décision est prise, sa mise en œuvre s'accompagne de « contrôles ». Le mot est souvent employé dans les expressions « renforcement des contrôles » ou « durcissement des contrôles ». Les « contrôles » font l’objet de statistiques très détaillées du ministère de l’Intérieur sur leur nombre et leur localisation. Les « contrôles » donnent souvent lieu à des « verbalisations » (voir ce mot).
Couvre-feu – Il suit le dernier « confinement » et précède le suivant. Il fait bien évidemment l’objet de « contrôles ». Comme le « confinement », le « couvre-feu » a par définition des « effets positifs ». Toutefois, il peut arriver qu'il perde son « efficacité », ce qui n'est évidemment pas une raison pour le supprimer.
Effort – Ne s’emploie qu’au pluriel. Nous devons « faire des efforts » et, pour nous y encourager, le président et ses ministres « saluent » nos « efforts » car ceux-ci « ont payé » ou du moins cela ne saurait tarder. C'est pourquoi il faut impérativement « poursuivre les efforts » car ils risqueraient d’être réduits à néant par un « relâchement » (voir ce mot), d'où la nécessité des « contrôles ».
Essentiel / non essentiel - Qualificatif appliqué aux activités sous l'état d'urgence sanitaire. La classification des activités est établie par le « Conseil de Défense ». Travailler, prendre les transports en commun ou consommer dans les supermarchés sont des activités « essentielles » ; aller au cinéma ou au spectacle, au restaurant ou inviter des amis sont des activités « non essentielles ». L'exercice d'activités « non essentielles » est une forme extrême de « relâchement » (voir ce mot) qui donne lieu à des « verbalisations » (voir ce mot).
Fermeté – Attitude exigée des forces de l’ordre lors des « contrôles » destinés à faire respecter le « confinement » ou le « couvre-feu ». La « fermeté » se doit d'être « grande », « très grande », voire « la plus grande » mais elle n'exclut pas le « discernement », qualité unanimement reconnue à nos policiers et gendarmes.
Lâcher la bride – C’est absolument exclu car ce serait ruiner nos « efforts » et conduirait à un « reconfinement ».
Protocole sanitaire - Il est systématiquement suivi de l’adjectif « renforcé ». Dans l’Éducation nationale, un « protocole sanitaire renforcé » comporte des mesures qui ont déjà été annoncées lors d’un précédent « renforcement » du protocole et dont tout le monde pensait qu’elles étaient déjà appliquées. Cette propriété remarquable permet de le « renforcer » plusieurs fois sans rien changer.
Relâchement – C’est le fait de ne pas respecter strictement les dispositions de l’état d’urgence. Se promener pendant plus d’une heure ou à plus d’un kilomètre de son domicile sont des cas particulièrement graves de « relâchement ». Ce mot est souvent suivi de l’expression « notamment chez les jeunes ». Les « contrôles » sont destinés à sanctionner tout « relâchement ».
Serrer la vis : Après avoir dans un premier temps appelé les Français à « se ressaisir », c’est ce que le gouvernement se voit « contraint » de faire dès qu’il observe une forme de « relâchement ».
Stratégie : C'est l’absence de plan pour mettre en œuvre les décisions. Lorsque la « stratégie » ne donne pas les résultats escomptés, « ce n’est pas un échec », c’est juste que « cela n’a pas marché ». La « stratégie » n’est jamais modifiée : elle est « renforcée » et son calendrier de mise en œuvre est « accéléré ».
Transparence : Contrairement à sa signification dans le langage courant, le mot « transparence » est synonyme du mot « opacité » dans la langue de l’état d’urgence sanitaire. Il est toujours suivi de l’adjectif « totale ».
Verbalisation : Elle est le résultat d’un « contrôle » et, comme ce dernier, fait l’objet de statistiques détaillées du ministère de l’Intérieur. Les « verbalisations » sont proportionnellement plus nombreuses dans des quartiers habités par des personnes dont l’apparence physique trahit à elle seule une propension au « relâchement ».