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Billet de blog 4 mars 2025

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Vive le déficit et vive la dette…

… pour financer les marchands d’armes.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le déficit des finances publiques et la dette publique, c’est le mal absolu. C’est ce que nous expliquent tous les jours et sur tous les tons le président de la République, le ministère des Finances, la Cour des Comptes, la Banque de France, la Commission Européenne, la Banque Centrale Européenne, le FMI, les agences de notation et tous les médias qui prêchent la bonne parole, celle des organisations précitées, la seule qui vaille.

La dette, ce fardeau-que-nous-allons-léguer-à-nos-enfants, n’est moralement pas défendable, nous dit-on. Il est donc temps de cesser-de-vivre-au-dessus-de-nos-moyens et de se serrer la ceinture comme le font tous les ménages dont les dépenses excèdent les revenus dont ils disposent. C’est le bon-sens !

Des esprits superficiels pourraient objecter qu’il existe quelques entorses à cette obligation morale vis-à-vis des générations futures. Par exemple, lorsque le déficit du budget et l’augmentation de la dette publique qui en résultent (1000 milliards d’euros de dette supplémentaire en France depuis 2017) proviennent des cadeaux fiscaux aux plus riches et aux entreprises, et plus précisément à leurs actionnaires. Pas du tout nous rétorque-t-on : cette dette-là, c’est de la « bonne dette » car elle a pour objet de financer l’investissement, l'innovation, la compétitivité, l’emploi, etc… La dette d’aujourd’hui serait la prospérité de demain en quelque sorte.

A l’opposé, augmenter les budgets de l’éducation, de la santé, des services publics en général, de la lutte contre le dérèglement climatique et la destruction de la biodiversité, c’est de la mauvaise dette, de l’argent jeté par les fenêtres. Il est urgent de tailler dans ces dépenses publiques qui nous amènent droit dans le mur. Voudrions-nous connaitre le même sort que les Grecs, ces cigales qui ont dépensé sans compter ?

Et soudain, voilà que Mme von der Leyen est prête à lâcher du lest sur les objectifs de réduction des dépenses publiques qui valent à plusieurs pays, dont la France, de faire l’objet d’une procédure de déficit excessif de la part de la Commission Européenne. A ce relâchement des règles budgétaires s’ajouteraient 150 milliards d’euros de prêts et l’utilisation d’une partie des fonds d’aide aux régions les plus défavorisées de l’Union Européenne (UE), d'un montant de 392 milliards d’euros pour la période 2021-2027. Au total, c’est un plan de 800 milliards d’euros qu’elle a présenté.

La présidente de la Commission Européenne aurait-elle subitement pris conscience que le futur de l’UE exigeait des investissements dans l’éducation, la santé, les infrastructures, l’écologie et que les règles budgétaires de l’UE obéraient notre avenir ? Que nenni ! Vous n’y êtes pas du tout : il s’agit de « réarmer l’Europe » ! Elle était pourtant loin d’être désarmée puisque les dépenses de défense de l’UE ont atteint 326 milliards d’euros en 2024, en augmentation de 30% depuis 2021, et représentent trois fois le budget défense de la Russie (106 milliards d’euros en 2024).

800 milliards d’euros supplémentaires pour les marchands d’armes, voilà de la « bonne dette » ! Il y a fort à parier que tous ceux qui s’alarmaient du niveau de la dette publique vont dorénavant nous expliquer que ce n’est plus tant un problème. Il est vrai que si le futur envisagé pour l’Europe, c'est une guerre avec la Russie, il devient inutile (ou du moins secondaire) de se préoccuper de ce fardeau-que-nous-allons-léguer-à-nos-enfants.

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